Notre commission a également auditionné Leïla Chaibi, une députée européenne qui a joué un rôle important dans l'élaboration de la proposition de directive sur la présomption de salariat par le Parlement européen. J'ai été particulièrement marquée par son témoignage. Elle nous a en effet indiqué que lorsqu'elle est arrivée au Parlement européen, elle a rapidement compris que les lobbys y étaient comme chez eux et que les décideurs européens n'avaient accès qu'à un seul son de cloche.
Elle a donc estimé que son rôle politique consistait à aider les travailleurs des plateformes à constituer leur propre lobby populaire, afin de faire entendre leur voix auprès des commissaires et des parlementaires. Il est en effet nécessaire de pouvoir entendre les deux points de vue antagonistes, ceux des dirigeants des plateformes, mais aussi ceux des travailleurs. Leïla Chaibi considérait ainsi que cette démarche avait joué un rôle extrêmement important dans l'évolution du positionnement politique et de l'atterrissage final sur la directive.
De votre côté, observez-vous une telle modification des pratiques au niveau européen, pour contrebalancer l'influence des lobbys des grandes entreprises et de l'entre-soi ? Par ailleurs, avez-vous suivi le lobbying d'Uber et des plateformes de l'ubérisation autour de cette directive ?