J'ai orienté mon analyse sur la confrontation avec les deux empires qui structurent géopolitiquement et économiquement le paysage mondial, c'est-à-dire les États-Unis et la Chine. Tous les autres pays sont en situation semblable à celle de la France, c'est-à-dire qu'ils sont trop petits pour jouer un rôle. Quant à l'Union européenne, elle est politiquement incapable de se hisser au niveau des menaces qui nous guettent.
Concernant la question numérique, que j'ai peu abordée, je vais vous remettre un document qui m'a été transmis par trois experts de l'intelligence numérique. Je ne suis pas en mesure de reprendre à mon compte les explications de ces experts parce que cela dépasse mes compétences, mais leur analyse est extrêmement inquiétante. Selon eux, les formes nouvelles de guerre économique, par l'utilisation de l'intelligence artificielle couplée à la gouvernance des identités et des accès informatiques, sont les nouveaux chevaux de Troie des empires, essentiellement de l'empire américain. Ils m'ont prié de transmettre ce document aux autorités compétentes ; cette note étant signée, vous pourrez interroger les personnes concernées.
Nous sommes devenus une colonie numérique des États-Unis, ce qui pose un problème en matière de souveraineté informationnelle et de maîtrise de nos données. Les BATX chinois – Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi – n'entrent pas encore chez nous mais ils le pourraient. Si les Américains et les Européens n'avaient pas pris de mesures contre Huawei, peut-être n'en serions-nous pas là.
Nous nous sommes habitués à l'existence d'un abus de position dominante du moteur de recherche Google. Allez dans n'importe quel pays asiatique : Google y est absent. Nous nous sommes habitués à passer des accords économiques avec Google, Microsoft – même les armées en sont là ! Il nous faut sortir de cette situation, à laquelle nous nous sommes accoutumés, de colonisés numériques. Tous les autres pays du monde en sont à peu près au même point, mais certains ont organisé leur défense. Nous en avons les moyens : il ne nous manque que le leadership politique, d'abord au niveau européen mais également au niveau national. Nous avons un retard stratégique dans le déploiement de moyens de défense. L'application du décret de 2014 devrait être automatique !