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Intervention de Jean-Maurice Ripert

Réunion du jeudi 30 mars 2023 à 15h30
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Jean-Maurice Ripert :

À ce moment, je faisais mes cartons puisque je suis parti au mois de juillet 2017, et j'allais et venais entre Moscou et Paris. Mais, en tant qu'ambassadeur, je n'avais rien à penser : encore une fois, il n'était pas illégal de se rendre en Russie, ni de rencontrer qui l'on voulait, en tout cas pas le président Poutine, et Mme Le Pen n'était pas la seule qu'il recevait – même s'il ne recevait pas grand monde : pas les ministres, mais les Premiers ministres pour une rencontre de courtoisie, en général en marge des séminaires intergouvernementaux, et évidemment les présidents. C'était donc inhabituel, mais je n'avais pas de jugement à porter et cela ne m'a pas particulièrement marqué parce que, comme je l'ai indiqué, j'avais déjà l'impression que ce parti cherchait le soutien du Kremlin.

Je précise que les mots « ils ne repartaient pas les mains vides » signifiaient qu'ils ne repartaient pas sans obtenir le soutien qu'ils cherchaient. Cela n'implique pas nécessairement toujours des questions d'argent : on parle aussi de soutien politique et de mise à disposition de réseaux. Prenons l'épisode que raconte M. Schaffhauser sur les communiqués que le Kremlin écrivait, essayait de faire écrire et qu'il réécrivait lui-même : « Je ne les ai pas laissés l'écrire, je l'ai écrit moi-même », dit-il fièrement. Le soutien est multiforme, il ne faut pas être obsédé par les questions de financement et je ne pense pas que Marine Le Pen soit repartie avec un chèque dans son sac. Ce qui était surprenant, c'était que le président Poutine reçoive la cheffe d'un parti politique. Traditionnellement, quand il y a une élection présidentielle dans un pays étranger, il reçoit les deux candidats ou aucun. Souvent, il ne reçoit aucun des candidats au premier tour parce qu'ils sont nombreux. Et, en général, il est rare que des candidats aillent chercher du soutien à l'étranger, parce que ce n'est pas forcément bien vu en France. Dans les pays où j'ai été en fonctions en tout cas, les présidents ou les chefs d'État recevaient soit les deux candidats, soit personne, ou ils attendaient que l'élection ait eu lieu pour recevoir le nouvel élu ou la nouvelle élue. La démarche du Kremlin était donc surprenante : le choix avait été fait de soutenir officiellement et publiquement Mme Le Pen. Je n'ai pas à porter de jugement à ce sujet, mais quand vous voyiez cela, vous ne vous posiez pas vraiment de question sur le fait qu'un parti venait chercher le soutien de Moscou et l'obtenait. Comment cela se traduisait, je n'en avais pas la moindre idée.

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