. Il convient de distinguer ce qui relève de l'ingérence hostile et de l'opinion, bonne ou mauvaise, dût-elle nuire à notre politique étrangère. La propagande allemande ou des puissances de l'Axe ne suffit pas à expliquer des prises de position qui ont conduit à des catastrophes nationales. Celles-ci s'expliquent également par des analyses infondées ou fantasmatiques, comme Marc Bloch et d'autres historiens l'ont montré.
La propagande douce est difficile à établir. Les élites européennes, depuis les Lumières, s'interrogent sur la situation européenne ou non de la Russie et sur celle d'autres pays aux frontières de l'Europe et de l'Asie. La formule que vous avez citée dépasse la personne d'Alexandre Douguine. C'est lui faire bien grand honneur... Quand j'étais étudiant à Sciences Po, qui n'est pas une officine russe, on nous enseignait des concepts qui, aujourd'hui, n'ont plus cours sur la culture à l'est de l'Ukraine ou sur les peuples russophones qui seraient étrangers à la Russie. La vision du monde de M. de Villepin n'a quant à elle jamais varié, me semble-t-il. Il est donc difficile de distinguer ce qui relèverait d'une propagande douce, d'une sorte de taqîya, pour reprendre un mot que l'on a appris à connaître, et ce qui relève de la liberté d'opinion, de courants politiques anciens, à gauche ou à droite, et même au centre puisque vous avez cité M. Pozzo di Borgo. Ce n'est pas parce que l'on assiste à une rupture de l'ordre international que les partisans de ces courants politiques changent d'avis.