Je ne sais pas ce que souhaite le régime russe, ou plutôt, en l'occurrence, le gouvernement russe, mais je sais ce que je crois et je défends mes convictions.
Je n'ai jamais été rémunéré par la Russie. Vous avez été députée européenne ; vous savez qu'à l'occasion du vote pour confirmer sa nomination en tant que commissaire, il est apparu que Mme Sylvie Goulard touchait 10 000 euros d'une fondation américaine. Pour ma part, je n'ai jamais rien touché. Pourtant, vous ne lui demandez pas pourquoi ses positions sont alignées sur ce que demandent les États-Unis. Je peux aussi vous citer l'exemple d'un de vos collègues du groupe Renaissance – appelons-le « B. H. » –, que je respecte et qui a travaillé au Hudson Institute ou à l'Atlantic Council. Je n'ai jamais été salarié par des think tanks américains.
Dans ces deux cas, tout le monde trouve ça normal. En revanche, quand on défend, sans jamais avoir été salarié, des positions qui ne sont pas dans l'air du temps, tout le monde s'étonne de ces opinions divergentes. En ce moment, la liberté d'opinion recule insidieusement dans notre pays. On a le droit d'avoir d'autres positions. Je suis prêt à défendre tous mes votes.
Vous étiez – je le sais – une députée sérieuse au Parlement européen. Vous savez de quoi je parle. Quand je dois voter pour ou contre une proposition de résolution, je ne me contente pas d'en lire le titre !
Je reprends mon exemple. Quand le groupe Renaissance au Parlement européen vote l'arrêt des livraisons du nucléaire civil dans les pays européens, c'est une flèche de plus qui frappe l'industrie nucléaire française. En ce qui me concerne, je pense d'abord à l'intérêt de mon pays. Je maintiens tous mes choix. Personne ne me dicte mes éléments de langage. Il est vrai que je suis moins invité que d'autres par certaines chaînes d'information.
Si vous avez l'impression que je suis le premier soutien de la Russie, c'est peut-être parce que certains qui en ont profité à une époque sont maintenant aux abris. Moi, j'ai toujours défendu mes convictions et je continuerai à les défendre. J'en suis plutôt fier.
Mon premier voyage iconoclaste avait consisté à conduire les dernières missions en Irak, avant l'invasion américaine de 2002. À l'époque, cette initiative avait aussi été condamnée par tout le monde.