Avant le début de cette guerre, la France était le premier employeur étranger en Russie. De grandes entreprises y étaient présentes, comme Auchan, Leroy Merlin ou Renault. La France avait de bonnes relations avec la Russie depuis le général de Gaulle, donc avant Jacques Chirac, et en a eu jusqu'à Nicolas Sarkozy. Beaucoup d'entreprises françaises se sont implantées en Russie. Mme Genetet, qui est députée de cette circonscription, doit connaître la chambre de commerce franco-russe, qui était l'une des plus dynamiques avant les sanctions.
Quand nos relations avec la Russie ont-elles commencé à se détériorer ? Cela ne date pas du 24 février 2022. Les problèmes sont apparus en 2013, quand l'Union européenne a voulu imposer un traité à deux, et non pas à trois, à l'Ukraine.
Comme ancien président du groupe d'amitié France-Ukraine, j'ai un souvenir qui m'a profondément marqué. Le 13 décembre, j'avais rencontré M. Mykola Azarov, qui était Premier ministre d'Ukraine à l'époque et qui m'a expliqué que pour éviter une catastrophe, il fallait à tout prix faire en sorte que le traité économique avec l'Europe soit à trois, avec la Russie, et non à deux. Je n'avais aucun pouvoir, mais il s'imaginait que j'en avais.
Tout le monde oublie que les problèmes ont commencé à ce moment-là. Les désaccords internes des Ukrainiens à propos de ce traité ont débouché sur Maïdan et Maïdan a débouché – désolé – sur un coup d'État. Je vous rappelle la conversation de Mme Nuland qui a été enregistrée, où elle détaille ceux qui seront au gouvernement et où elle prononce l'élégante formule « fuck Europe ». Nous sommes passés à une nouvelle étape d'un conflit qui a démarré en 2013 par un simple accord économique.
Vous avez mentionné M. Chevènement. Celui-ci a participé à l'assemblée générale de Dialogue franco-russe en 2015 et 2016. Il y avait donc des personnalités de gauche et de droite, comme dans les voyages que nous avons organisés. Tout est transparent. Il suffit de regarder les photos qui sont sur Twitter.