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Intervention de Jean-Philippe Tanguy

Réunion du mardi 28 mars 2023 à 16h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Tanguy :

D'après mes informations, le Dialogue franco-russe a été créé à l'initiative de M. Chirac et de M. Poutine en 2002. Vous avez cité une liste non exhaustive des entreprises qui y ont cotisé jusqu'en 2014. Y figurent la plupart des groupes d'infrastructures énergétiques ou de transport. Je ne sais pas si Renault, qui a des affaires en Russie, en faisait aussi partie.

Lors de l'invasion illégale de l'Ukraine par la Russie, de nombreuses entreprises françaises se sont retirées du marché russe dans des conditions qui restent à préciser. À cette occasion, nous avons pris conscience de l'existence de liens économiques anciens entre les deux pays. Vous me contredirez le cas échéant, car vous êtes, comme d'autres ici, un meilleur spécialiste que moi de cette question, mais il me semble que ces relations datent pour l'essentiel des mandats de M. Chirac.

En dehors des actes hostiles d'ingérence, mentionnés à juste titre par le président Esquenet-Goxes, de la part du gouvernement ou d'institutions paragouvernementales, comme les attaques sur internet, il me semble que l'on relit a posteriori l'histoire des relations économiques entre la France et la Russie à la lumière de l'invasion illégale de l'Ukraine et de l'annexion de la Crimée. Ces événements ne sont pas compris selon leur succession chronologique, en l'occurrence les suites de l'effondrement de l'URSS, l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine et la création de liens économiques très forts entre les différents gouvernements français et la Russie, que l'on pouvait d'ailleurs critiquer à l'époque.

Des personnalités politiques françaises de différents partis, même si elles semblaient essentiellement appartenir à l'UMP, ont œuvré pour renforcer ces relations. J'ai l'impression que la manière dont celles-ci sont aujourd'hui analysées est peut-être mal intentionnée. Qu'en pensez-vous ?

Pour préparer cette audition, j'ai retrouvé des informations concernant Jean-Pierre Chevènement. Il s'agit d'une personnalité politique éminente, qui a exercé des responsabilités dans différents gouvernements et qui a soutenu M. Macron, ce qui est son droit. Il me semble qu'en 2022 un accord électoral a d'ailleurs été conclu pour faire élire dans la majorité des candidats liés à M. Chevènement. Je ne suis pas familier des décorations russes, mais M. Chevènement a reçu l'ordre de l'Amitié des mains de Vladimir Poutine en avril 2017. Ce dernier aurait alors déclaré : « J'aimerais exprimer ma gratitude à nos amis étrangers qui ont reçu l'ordre de l'Amitié. Votre attitude sincère et cordiale envers la Russie s'exprime par des actions concrètes. » Ne parlant pas russe, je fais confiance à la traduction. Je ne sais pas exactement ce qu'il a voulu dire, mais c'est un discours aimable envers une personnalité. En tant qu'élu de Belfort, M. Chevènement a beaucoup travaillé sur le dossier Alstom. À titre personnel, j'ai beaucoup de respect pour lui. Je ne sais ce qu'il en est de son côté, mais je ne le considère pas comme un adversaire politique.

Il faut lutter contre les vrais problèmes d'ingérence. Je m'inquiète d'une relecture a posteriori des relations économiques anciennes entre la France et la Russie.

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