En tant que député européen, j'ai effectué deux missions d'observation : en Russie, en 2020, et en Ouzbékistan.
En 2020, le déplacement était à l'invitation des Russes et a été payé par les Russes. Je l'ai déclaré ; il suffit de consulter mon profil sur le site internet du Parlement européen pour le voir. Après le scandale du Qatargate – dans lequel aucun député du Rassemblement national n'est impliqué –, le journal belge Le Soir a consulté le site sur lequel les députés doivent théoriquement effectuer leurs déclarations. Il nous a presque rendu hommage, en indiquant que notre groupe déclarait tout. D'autres parlementaires se sont apparemment souvenus trois ou quatre ans après de déplacements qu'ils avaient oublié de signaler. Mme Loiseau, par exemple, s'est rendue en Arménie en voiture – je l'en félicite – et ne l'a déclaré qu'un an et demi après.
La seconde mission a été financée par ma dotation annuelle. Vous avez été députée européenne, madame Le Grip, vous connaissez donc le fonctionnement de cette honorable maison. Je précise néanmoins la règle pour vos collègues qui n'ont pas encore eu cette possibilité. Au Parlement européen, vous disposez d'une enveloppe de 4 700 euros pour financer n'importe quel voyage politique, à condition que vous répondiez à une invitation.
L'émission de télévision « Complément d'enquête » avait vérifié tous mes déplacements et trouvé que l'un d'eux n'avait pas été signalé. Nous ne l'avions pas signalé parce qu'il était payé par le Parlement européen avec cette fameuse enveloppe, enfin cette ligne de crédit.
Le paradoxe, qui illustre toutes les ambiguïtés de Bruxelles, c'est que je suis condamné pour un déplacement qui m'a été remboursé. Je le dis avec le sourire. Il respectait les règles administratives, puisque j'avais été invité, mais il était politiquement incorrect.
J'appelle l'attention des députés français sur une pratique que je trouve extrêmement choquante au Parlement européen. À l'Assemblée nationale, je me souviens que M. Fabius était venu à la commission des affaires étrangères nous dire, à Jacques Myard ou à moi, qu'il ne voulait pas que nous allions en Crimée. Nous y sommes allés et nous n'avons jamais été sanctionnés, parce que les parlementaires sont libres d'aller où ils le souhaitent. Au Parlement européen, vous n'avez pas le droit d'aller dans certains pays, sous peine d'être sanctionné. Cette pratique me semble quand même dangereuse.