Est-ce que j'ai gardé des contacts avec des responsables politiques russes ? Oui, heureusement ! J'ai passé de nombreuses années là-bas et je pense que nous avons plus que jamais besoin d'avoir des contacts en Russie. Il faudra bien, un jour ou l'autre, faire la paix.
Avec qui ai-je principalement gardé des contacts ? Ce n'est pas un secret. J'ai par exemple gardé des contacts avec M. Leonid Sloutski, que j'ai connu jeune député et qui a présidé le groupe d'amitié France-Russie à la Douma. Il y préside aujourd'hui la commission des affaires étrangères. Il est venu dans ces bâtiments à de nombreuses reprises. Décoré lui aussi de l'ordre de la Légion d'honneur, il est francophone. Je ne sais pas s'il préside toujours ce groupe d'amitié, qui ne doit de toute façon plus se réunir beaucoup. Je connais aussi Piotr Tolstoï, que l'on voit un peu à la télévision, et qui est le premier vice-président de la Douma. Comme vous avez pu le constater, il parle aussi le français couramment.
Je ne vais pas vous énumérer tous les députés que j'ai connus ou que je connais. Je n'ai pas cité le nouveau président du Dialogue franco-russe, M. Katasonov, qui a aussi été député. Vladimir Iakounine a quitté la présidence de cette association il y a deux ou trois ans.
Je vais en Russie depuis trente ans, il est logique que je connaisse un certain nombre de personnes et que j'aie gardé des contacts avec elles.
J'ai effectivement rencontré Konstantin Malofeïev quatre ou cinq fois. Ce n'est pas l'un des oligarques les plus riches de Russie, mais il intéresse la presse car il a, contrairement à d'autres, un rôle politique. Il est assez engagé à propos de certains sujets.
Je ne connais pas le programme Alt Intern mais j'ai participé à une réunion avec M. Malofeïev au moment de la Coupe du monde de football. À ce moment-là, je n'étais ni député européen, ni député français. J'étais un simple citoyen. Je n'avais donc aucune obligation de déclarer mes voyages. En 2018, je n'étais plus rien. Je sais que son projet fait fantasmer beaucoup de journalistes, mais il consistait surtout à favoriser les échanges entre des responsables de différents pays non alignés sur l'OTAN, plutôt que pro-Poutine.
Vous avez évoqué CFG Capital, comme je l'avais anticipé – on me ressort cet article à chaque fois. Konstantin Malofeïev m'a certifié qu'il n'était pas dans l'affaire, mais je n'ai jamais totalement su la vérité. À un moment, Pierre Louvrier, qui est un Français expatrié, a décidé de créer ce fonds de 2 milliards et m'a demandé si j'étais prêt à le rejoindre en tant que conseiller. Le fait que je sois ou non rémunéré n'avait pas été défini. J'attendais que le fonds soit créé. Dans le communiqué de presse, il était dit que ce projet était en lien avec Konstantin Malofeïev. Était-ce vrai ? Était-ce faux ? Je n'en sais rien, mais ce qui est sûr, c'est que ce fonds n'a jamais existé. Je n'en ai donc jamais été administrateur. Comme je fais l'objet de toutes les attentions de la part de la presse en permanence – je l'en remercie –, vous vous doutez bien que si j'étais administrateur d'un fonds de 2 milliards, cela se saurait !
J'ai beaucoup de relations avec la Crimée. Je vais vous expliquer pourquoi. J'ai été président du groupe d'amitié France-Ukraine. Je fais donc partie de ceux qui ont dû aller une dizaine de fois en Crimée, ukrainienne puis russe, avant et après 2014. À l'époque, après vous avoir montré Kiev, les députés ukrainiens voulaient vous montrer la Crimée. Je dois être l'un des rares à avoir connu la Crimée du temps de l'Ukraine et la Crimée depuis 2014. Du temps de l'Ukraine, aucun investissement n'y était fait. Ce territoire n'intéressait visiblement pas le pays. La différence est également très visible concernant la population, qui est redevenue russe. La Crimée est certainement l'une des régions dans lesquelles, à mon avis, le choix de la population est peu discutable.
Madame Le Grip, on peut discuter du droit tant que vous voulez. Je vous rappelle aussi que lors du référendum sur l'indépendance de l'Ukraine, qui a eu lieu après l'explosion de l'Union soviétique, donc probablement au début des années 2000, la Crimée était le territoire qui avait le moins voté pour l'indépendance, à seulement 53 %. Certes, 53 % est un score qui ferait rêver certains politiques français aujourd'hui !
Pour la petite histoire, je vous rappelle par ailleurs que la Crimée accueille le plus grand cimetière militaire français à l'étranger. Du fait de la guerre de Crimée, près de 90 000 soldats français y sont enterrés. Je m'y suis donc rendu régulièrement pour voir comment ce cimetière était entretenu, après avoir été réhabilité grâce à un ambassadeur français, M. de Suremain.
Pour en revenir à M. Malofeïev, je reconnais le connaître. Je pense qu'on lui attribue beaucoup de qualités qu'il rêverait d'avoir mais qui dépassent un peu la réalité. Quant à son grand projet – dont je ne savais pas qu'il portait le nom que vous avez cité –, j'ai vu que des livres et des articles de presse, de Mme Vaissié ou de M. Hénin, y faisaient référence. Pour moi, il ne s'agissait que d'une réunion comme il en existe de temps en temps dans les amicales internationales.
Pour terminer, je voudrais préciser que M. Malofeïev n'a jamais cotisé au Dialogue franco-russe.