Comme nous entendons une personnalité appartenant à sa famille politique, le président de la commission d'enquête a souhaité se déporter. Le bureau a accédé à sa demande, c'est pourquoi j'ai l'honneur de présider cette séance.
Nous accueillons M. Thierry Mariani, député européen Rassemblement national, ancien ministre, ancien député. Cher collègue, je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation.
Comme vous le savez, notre commission d'enquête travaille depuis plusieurs mois sur les possibles ingérences étrangères dans la vie politique, économique et médiatique de notre pays. Son champ d'investigation est donc assez proche de celui de la commission spéciale sur l'ingérence étrangère dans l'ensemble des processus démocratiques de l'Union européenne, y compris la désinformation, à laquelle vous avez appartenu et dont nous entendrons le président, M. Raphaël Glucksmann, la semaine prochaine.
Cependant, si notre commission a souhaité vous entendre, ce n'est pas seulement pour recueillir votre témoignage en tant que député européen.
Vous avez siégé dans notre assemblée pendant près de vingt-trois ans, entre 1993 et 2017, ne quittant votre mandat que pour participer au troisième gouvernement Fillon, de novembre 2010 à mai 2012. Lors des élections législatives de 2012, vous avez quitté votre circonscription du Vaucluse pour gagner la onzième circonscription des Français de l'étranger, où vous a succédé notre collègue Anne Genetet.
Tous vos mandats électifs ont été marqués par une activité internationale intense, principalement en direction de la Russie, des pays de l'ex-URSS et du Moyen-Orient. Cette activité s'est inscrite pour partie dans le cadre des groupes d'amitié ou de la commission des affaires étrangères, mais vous avez également effectué de nombreux déplacements à votre initiative ou à l'invitation de différents pays que l'on ne saurait qualifier de démocratiques – je pense en particulier à vos visites en Syrie auprès de Bachar al-Assad, en Russie et au Kazakhstan, ou encore en Crimée et dans le Donbass.
Je précise que vous êtes visé par deux enquêtes judiciaires en lien avec l'association Dialogue franco-russe, que vous présidez depuis 2012, pour trafic d'influence et corruption, d'une part, abus de confiance et blanchiment d'argent, d'autre part. Évidemment, il n'appartient pas à notre commission de se prononcer sur l'objet de ces enquêtes ni sur une éventuelle qualification pénale. Nous souhaitons avant tout recueillir votre témoignage sur vos relations avec différents régimes étrangers hostiles à la France et dont il est établi, pour certains d'entre eux, qu'ils mènent des actions d'ingérence dans les affaires de notre pays.
Avant de vous laisser la parole, il me revient de vous demander, en application de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, de bien vouloir prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.