Nous nous demandons toujours si ce que l'on nous a révélé, peu importe dans quelles circonstances, est vérifié ou non : si la réponse est positive, nous continuons l'enquête ; si tel n'est pas le cas, nous travaillons à charge et à décharge, puis nous rendons compte de nos travaux au procureur ou au juge chargé du dossier et lui disons que nous ne voyons pas d'élément donnant lieu à poursuivre.
Nous essayons, dans un deuxième temps, de comprendre les ressorts et de connaître les raisons d'une dénonciation, d'un article ou du moment choisi pour rendre public un fait ou une situation, mais ce n'est pas l'objet principal de notre mission, qui est de rassembler des preuves, trouver les auteurs des délits et les déférer à l'autorité judiciaire. Libre à celle-ci de décider ce qu'elle en fait. Si on peut expliquer le mobile, on le fera, mais cette tâche n'est pas notre priorité. À l'OCLCIFF, nous traitons d'affaires très sensibles, très commentées dans la presse et opposant des acteurs aux positions très antagonistes, donc nous serions paralysés si nous nous demandions en permanence qui telle ou telle de nos actions avantagera. Il faut suivre la ligne de l'enquête : les faits sont-ils caractérisés ? les personnes suspectées sont-elles responsables de ce qu'on leur impute ? Nous refusons toujours de faire le pas de côté de trop, celui qui serait mû par la volonté d'aller chercher quelqu'un ou d'éviter un autre. Notre route est étroite, et je rappelle régulièrement ce cap à nos enquêteurs.