Intervention de Joffrey Célestin-Urbain

Réunion du mardi 14 mars 2023 à 18h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Joffrey Célestin-Urbain, chef du service de l'information stratégique et de la sécurité économiques :

Absolument, la souveraineté ou sécurité alimentaire fait partie à la fois de la réglementation – c'est l'une des finalités essentielles du code monétaire et financier – et de la doctrine de sécurité économique de l'État. Le covid a validé cette approche. Dès lors que ce critère apparaît dans une opération de rachat, nous sommes susceptibles d'intervenir.

D'un point de vue sémantique, je précise que, pour nous, la notion de sécurité relève d'une action défensive. Nous sommes fiers de l'assumer, car c'est un volet qui a longtemps été absent. Cela consiste notamment en l'organisation de la chaîne d'informations et d'actions. La notion de souveraineté économique, elle, est plus large : elle est assise à la fois sur ce bouclier et sur le glaive qu'est notre capacité à recréer du tissu industriel. Elle intègre donc une forte dimension capacitaire : la capacité à assurer, en toutes circonstances, la prospérité économique des citoyens et des entreprises françaises. Cette indépendance stratégique suppose d'avoir un tissu industriel. Les stratèges chinois de la guerre économique ont longtemps considéré que la puissance américaine était technologique, mais pas industrielle, et qu'il s'agissait donc d'une puissance en bois – un colosse aux pieds d'argile. La souveraineté économique permet de marcher sur deux jambes, l'une défensive et l'autre offensive, l'une n'allant pas sans l'autre.

Outre le critère de la souveraineté alimentaire, nous regardons de très près celui de l'emploi, qui, bien que ne relevant pas directement de la sécurité économique, est important pour la chaîne de valeur et l'emprise industrielle. Le ministre de l'économie, me semble-t-il, a rappelé que Carrefour est le premier employeur de France, avec 200 000 personnes. Si nous considérons que les grands donneurs d'ordre français sont stratégiques, c'est non seulement en raison de leur taille mais aussi et surtout de leur rôle pour telle ou telle filière stratégique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion