Intervention de Joffrey Célestin-Urbain

Réunion du mardi 14 mars 2023 à 18h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Joffrey Célestin-Urbain, chef du service de l'information stratégique et de la sécurité économiques :

C'est un risque symétrique au risque de souveraineté. Il est possible de considérer que l'emprise économique de certains acteurs étrangers, qui détiennent une partie du capital des entreprises françaises, constitue un risque de souveraineté. Dès lors, nous pourrions également envisager qu'ils se retirent. C'est peu probable, car il s'agit souvent d'investisseurs financiers : leur objectif est de faire de l'argent ; ils suivent des cycles d'investissement de sept ou huit ans et s'intéressent principalement à leur résultat net. Je ne crois donc pas à un mouvement coordonné ou à une panique des fonds d'investissement anglo-saxons qui se retireraient tous au même moment pour faire tomber l'économie française : cela n'aurait pas de sens. Mais il est certain que lorsqu'un fonds d'investissement se retire du capital, l'entreprise concernée a un problème de financement. Dès lors, une entrée en bourse peut présenter un moindre risque, du point de vue de la souveraineté, qu'une reprise à 90 % par un investisseur, étant donné que l'entrée en bourse dilue le capital et diminue la probabilité d'avoir un investisseur très dominant.

D'un autre côté, l'une des politiques prioritaires du Gouvernement vise bien à attirer le maximum d'investissements directs étrangers, qui financent une partie du déficit de la balance des transactions courantes. Cela nous impose de bien doser notre action. À cet égard, les fonds étrangers nous sollicitent de plus en plus pour un dialogue informel, ce qui est nouveau. Ils ont intégré le facteur souveraineté dans leurs opérations et veulent connaître nos méthodes. Ainsi, un fonds étranger souhaitant entrer dans le capital d'une entreprise stratégique française s'interroge désormais sur la liquidité de son actif : le jour de son entrée, trouvera-t-il l'administration française sur son chemin ? Le jour où il voudra revendre sa participation, sera-t-il contraint sur le choix du repreneur ? Ils ont besoin de venir nous en parler. En tout état de cause, notre objectif est de trouver un équilibre permanent entre attractivité et souveraineté.

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