Chacun comprend que notre armée doit être en mesure de protéger efficacement notre territoire face aux menaces de cyberattaques, et de riposter lorsque cela est nécessaire. La guerre en Ukraine nous a donné l'exemple d'un emploi massif de l'arme cyber dans un conflit de haute intensité sur des cibles variées, et parfois inattendues.
Ainsi, l'attaque par les Ukrainiens de la plateforme comptable de distribution d'alcool russe Egais, début mai 2022, pourrait être à l'origine d'une perte de 28 millions de dollars de droits d'accises pour la Russie, soit l'équivalent de quatorze chars T-80 – exemple concret et édifiant ! En mai également, le satellite européen KA-SAT a fait l'objet d'une attaque, dont la Russie a été accusée. En Afrique, une guerre d'influence est à l'œuvre, qui menace directement nos intérêts, comme l'a montré l'affaire du faux massacre de Gossi, au Mali, monté de toutes pièces par le groupe Wagner pour accuser les forces françaises.
Face à ces risques, la France, qui entend conserver un modèle d'armée complet, doit pleinement s'investir dans le cyber. Telle est la raison de la création du Comcyber il y a cinq ans. Nous avons intégré la cybersécurité dans le concept de sécurité nationale, avec l'ambition de développer une résilience cyber efficace. Cela nécessite des ressources technologiques avancées et des profils aux compétences techniques élevées, à recruter et à fidéliser. Si le domaine militaire cyber est plutôt attractif, il est fortement concurrencé par le secteur privé, plus généreux en matière de rémunérations. Hier, le DGSE a évoqué cet enjeu devant nous.
Parvenons-nous à recruter et à fidéliser les ressources humaines indispensables à la mise en œuvre d'une stratégie de cyber défense nationale ? Avons-nous des moyens matériels et techniques à la hauteur de nos ambitions ?