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Intervention de Général Cédric Gaudillière

Réunion du jeudi 13 avril 2023 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Cédric Gaudillière :

La LPM prévoit de remplacer les LRU pour les frappes de longue portée terrestres dans la profondeur tactique ; ce remplacement, prévu à l'horizon de 2027 et 2028, ne doit pas souffrir de retard. Il y a deux options : l'achat sur étagère américaine ou le développement d'une solution souveraine ou européenne. Nous travaillons activement sur la question, les deux options étant encore sur la table. Nous avons l'ambition de nous doter de treize systèmes en 2030 et 26 systèmes d'ici à 2035: il s'agit de l'une des priorités de l'armée de Terre, relayée par l'état-major des armées.

Les munitions réelles, surtout celles qui servent aux missions complexes, ont un coût. L'intérêt d'échelonner les livraisons est d'étaler leur péremption, ce qui permet aux forces d'utiliser les munitions pour leurs exercices avant qu'elles ne soient périmées. C'est un effort de gestion à mener sur lequel nous travaillons. Comme toutes les munitions sont désormais intelligentes, nous allons les doter d'un système d'autodestruction quand elles sortent du gabarit, si bien que nous pourrons également les utiliser, juste avant leur péremption, sur le territoire national et sans avoir besoin de les instrumenter.

Il y a un regret sur les munitions de petit calibre, même si des propositions industrielles sont avancées et étudiées. Mais disposer d'une solution nationale pour ces munitions n'est pas notre priorité, contrairement aux poudres, par exemple.

L'objectif sur les préstocks est de parvenir à un équilibre entre l'État et les industriels : chacun doit prendre sa part de l'effort. Il doit y avoir des négociations par secteur car les problématiques varient. La politique en la matière est à coconstruire avec l'industrie.

Un énorme effort de relocalisation des composants électroniques est accompli dans cette LPM. Dans les huit projets déjà confirmés, on trouve Photonis en Corrèze et Lynred, qui s'occupe des circuits imprimés, des salles blanches, de l'intégration et de l'assemblage. Il s'agit d'un problème complexe sur lequel le délégué général pour l'armement pourra vous éclairer.

Il faut en effet simplifier les normes françaises en matière de munitions, celles de l'Otan étant moins contraignantes. Nous essayons de faire converger nos normes, mais la tâche est difficile car, souvent liées à la pyrotechnie, elles sont issues du code du travail.

La livraison des 20 000 obus ne sera pas aussi rapide qu'espéré, car les poudres, qui arrivent d'Allemagne, se trouvent sur le chemin critique. Nous recevrons les premiers obus l'année prochaine, mais la livraison s'accélérera à partir de 2025. Dans le cadre du « faire autrement », nous essayons de recycler des anciennes munitions : nous avons trouvé, à Brienne-le-Château, des munitions d'artillerie ; nous allons utiliser les poudres, les reconditionner à Bergerac et fabriquer des charges modulaires pour des munitions de 155 millimètres. Nous ne nous interdisons plus rien et nous déployons des processus novateurs ; si nous parvenons à livrer des charges modulaires plus rapidement, l'arrivée de certains des composants de ces 20 000 munitions pourrait être avancée.

L'Allemagne a lancé un projet de bouclier antimissiles européen, ESSI ; la France présentera une initiative car il y a derrière cet outil de vrais enjeux industriels. L'industrie française possède de grandes capacités de détection, et l'évolution du missile Aster permettra de faire de l'antibalistique. La doctrine française ne comprend pas le déploiement d'un bouclier défendant notre territoire puisqu'elle repose sur la dissuasion. Si les intérêts vitaux de notre pays étaient attaqués, nous ferions peser la menace d'une frappe nucléaire sur l'adversaire. Telle est notre doctrine de défense du territoire national. S'agissant de la défense de l'Europe, il y a en revanche un travail à mener pour améliorer notre bouclier sur le flanc sud.

J'ai tiré beaucoup d'AASM : cette arme, très modulaire, reste tout à fait pertinente. Nous travaillons avec l'industrie pour disposer de kits lasers moins chers et nous avons complètement restructuré la filière de cette arme très efficace, qui sera pérennisée pendant de nombreuses années.

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