Intervention de Général Cédric Gaudillière

Réunion du jeudi 13 avril 2023 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Cédric Gaudillière :

Nous souhaitons en effet conserver un modèle d'armée cohérent, crédible et équilibré. Vous avez raison, nous continuons à couvrir l'ensemble des missions, afin d'être une puissance d'équilibres. En outre, nous ignorons de quoi la guerre de demain sera faite, donc si nous voulons continuer à peser dans l'ensemble des conflits, à préserver nos intérêts et à protéger nos territoires – pas uniquement le territoire national –, nous devons disposer d'une armée efficace sur l'ensemble du spectre des missions.

Ce choix pose la question de la masse : vous parlez d'une dimension échantillonnaire, mais ce terme n'est pas péjoratif car l'armée reste très crédible dans l'ensemble de ses missions. Cela a effectivement un prix, pas seulement en termes d'équipements mais de compétences. On oublie souvent que nous comptons des hommes et des femmes très compétents pour opérer ces systèmes d'armes complexes. Nous investissons dans la formation, les ressources humaines et les équipements, ce qui a un coût. Nous devons trouver un juste équilibre dans le développement de systèmes d'armes toujours plus complexes, qui permettent d'entrer en premier et de peser dans des aspects capitaux : pour être une nation-cadre, il faut être doté de la capacité d'entrer en premier pour, par exemple, détruire les systèmes sol-air adverses et agir dans le domaine cybernétique. Pouvoir faire cela a un prix, obligatoire pour disposer d'une armée couvrante, qui reste crédible dans toutes les missions. C'est une question d'équilibre, mais nous voulons continuer à peser partout sur le globe et dans l'ensemble du spectre des missions, en conservant une autonomie d'appréciation et d'action. Ce qui exige de posséder une expertise dans tous ces champs sans se disperser. Quant à la masse, nous cherchons à l'acquérir au sein d'alliances.

Votre question sur l'accélération en début de LPM est de nature budgétaire : évidemment, nous souhaiterions avoir tout, tout de suite, mais l'effort est vraiment important puisque l'on parle de 413 milliards. Nous avons la responsabilité de faire fructifier cette enveloppe en développant des systèmes d'armes qui soient pertinents pour affronter la menace de demain. Au lieu de regretter l'étalement, il convient de se focaliser sur l'essentiel, à savoir la capacité de se doter d'armées qui seront prêtes à faire face aux menaces de 2030 et de 2035. Voilà le vrai enjeu !

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