La question du modèle d'armée, de sa cohérence, de son efficacité et de sa modernisation est centrale. Nos alliés britanniques ont défini, à l'occasion de la revue stratégique de 2021, des priorités limitées et mis l'accent sur la protection du territoire, le contre-terrorisme, la projection de forces au sein de coalitions et d'alliances de sécurité collective, ainsi que sur le maintien de l'ascendant technologique au combat. Sa force terrestre est ainsi vouée à un format expéditionnaire. À l'inverse, la France confirme, dans ce projet de LPM, son attachement à un modèle d'armée complet et à une grande diversité de contrats d'objectifs, dont le revers est souvent décrit par l'image du bonsaï, reflet de la dimension échantillonnaire des capacités.
La conservation de ce modèle cohérent et opérationnel nécessite des crédits significatifs. Si le projet actuel confirme la hausse de la trajectoire budgétaire, il porte paradoxalement sur moins d'équipements et il déploie un calendrier de livraisons étalé : la cohérence a été privilégiée sur la masse. Ces choix qui rallongent l'horizon, notamment pour l'armée de terre, sont-ils de nature à nuire à l'intégration de la France au sein de l'Otan, dans un contexte de montée en puissance rapide d'autres armées européennes, comme celles de la Pologne ou même de l'Allemagne ?
Enfin, dans quelle mesure la séquence temporelle en deux temps de la LPM, autour de l'année-pivot de 2027, répond-elle à un souci de cohérence des programmes, conditions opérationnelles et soutien d'abord, intégration de nouveaux équipements ensuite ? Pourrait-elle être renversée sans obérer sa réalisation ? En clair, pourrait-on imaginer un effort plus soutenu au début et non en fin de période ?