Intervention de Général Cédric Gaudillière

Réunion du jeudi 13 avril 2023 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Cédric Gaudillière :

Je vais tenter de répondre à ces questions, même si certaines ne sont pas directement liées au domaine des munitions.

La France se prépare à différents scénarios d'engagement, et sa fonction stratégique majeure, la dissuasion, exige une capacité à entrer en premier qui nécessite donc d'entretenir un ensemble de capacités du haut du spectre pour l'aviation de combat, la marine et, en partie, pour l'armée de terre. En plus de cela, elle est impliquée dans des partenariats de défense avec d'autres pays. Cela nécessite, au-delà de la lutte contre le terrorisme, d'intervenir en tout point du globe aux côtés de ses partenaires, en tant que nation-cadre. Bien que ce scénario soit plausible, notamment au sein de l'Otan, il y en aurait d'autres pour lesquels la France aurait à intervenir seule.

La question de la dépendance aux États-Unis est majeure pour nous. Nous travaillons à la « désiITARrisation de nos matériels, c'est-à-dire à la diminution de notre exposition à la réglementation américaine ITAR – International traffic in arms regulation –, non seulement pour ne pas dépendre des Américains en opération, mais également pour nos exportations car la présence de composants américains complique les ventes. Votre question portait davantage, me semble-t-il, sur l'aspect opérationnel : vous avez évoqué les GPS, nous travaillons actuellement sur le système de navigation Oméga (Galiléo), afin de développer une capacité en Europe dans ce domaine. Nous œuvrons à réduire notre exposition à l'ensemble des composants et des matériels américains, encore une fois, pour honorer de manière totalement souveraine nos engagements vis-à-vis de la Nation comme de nos partenaires. La question est complexe et nous conservons encore quelques dépendances ; certaines sont acceptables, d'autres moins et nous nous attachons, avec la DGA, à en diminuer les impacts. Pour la mission ultime, celle de la dissuasion, tous les systèmes d'armes sont souverains.

Je ne vais pas déflorer l'intervention du délégué général pour l'armement, que vous n'avez pas encore auditionné : il est responsable des études amont, notamment sur les ruptures technologiques. La LPM prévoit un investissement de 10 milliards dans les études amont, ciblées notamment sur la montée en maturité de futures technologies : le quantique, le laser, l'hypervélocité, la robotique, l'intelligence artificielle, etc. Beaucoup d'investissements sont consentis dans ce domaine. L'amiral Vandier l'a dit, la LPM possède tous les ferments pour que l'on puisse disposer d'une première capacité opérationnelle dans le laser avant 2030. Il s'agira d'un premier prototype terrestre, et nous espérons posséder de véritables systèmes d'armes opérationnels à l'horizon de 2030.

Le sujet des cessions est éminemment technique. Comme vous le savez, le mécanisme validé par le Président de la République sort les cessions à l'Ukraine du périmètre budgétaire. Nous cédons des matériels à l'Ukraine, mais nous serons vigilants car, tant que notre industrie ne parvient pas à produire des munitions à un rythme suffisamment soutenu, nous effectuons des prélèvements dans le stock des armées. Les remboursements se font soit en nature, soit par des mécanismes complexes. Nous tenterons de combler ces livraisons le plus rapidement possible : les affaires sont en cours, mais je ne peux pas en dire beaucoup plus sur ce sujet que les armées suivent de très près.

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