La logistique d'une opération majeure, c'est-à-dire d'un engagement au combat de haute intensité, fait partie du projet et c'est l'une des explications de l'écart entre les cibles précédentes et les nouvelles cibles visibles. En effet, le rapport annexé ne présente pas cette dimension importante qu'est la logistique. Or la loi de programmation militaire prévoit une montée en gamme du domaine logistique, visant à l'adapter aux combats de haute intensité. L'objectif est de disposer en 2027 d'une division projetable en trente jours, capable donc, outre ses unités de combat et son appui feu, de partir avec sa logistique pour être engagée dans une opération, par exemple en coalition en Centre-Europe ou au Moyen-Orient.
Les camions sont un élément important dans cette perspective : nous en achèterons environ 2 000 au titre de cette loi de programmation militaire, qui correspondent au projet que vous évoquiez à propos de la précédente. Cela recouvrira divers éléments logistiques. Il s'agira de camions portant des citernes ou des conteneurs, d'une centaine de shelters dont le service de santé vous parlera probablement et qui équiperont les moyens de santé de nos deux divisions, une unité médicale opérationnelle de rôle 2, c'est-à-dire une antenne chirurgicale du niveau divisionnaire, ainsi qu'un hôpital de campagne. Nous acquerrons également des douches de campagne, des tentes et du matériel de cuisine. La dimension logistique fait donc partie de la programmation.
Au total, ce sont, comme l'a affirmé le ministre, 18,5 milliards d'euros qui seront destinés à ce titre aux armées, directions et services, dont 3 milliards pour les équipements individuels, y compris les petits équipements relevant de cette logistique. On sait l'importance des tenues pour les soldats : dans un an et demi, nous changerons le bariolage de nos treillis, changement qui s'accompagnera de la livraison de nouvelles chaussures, de nouveaux sous-vêtements chauds et de nouveaux équipements de campagne.
La logistique est donc là, même si elle est moins détaillée dans le rapport annexé. Je précise que les 2 000 camions prévus seront, pour une part, achetés sur étagère et, pour le reste, développés spécifiquement.
Pour ce qui est des munitions de précision et des flux logistiques, ma réponse sera « hybride ». La précision des munitions doit diminuer en partie le volume de munitions employé. De fait, face à certains objectifs précis et identifiés, lorsqu'on ne dispose pas d'une artillerie de précision, on envoie un « plot », c'est-à-dire au moins six obus, en fonction de la portée, afin de tenter de neutraliser, par exemple, un ensemble de trois chars, et lorsqu'on en dispose, on peut n'en tirer que trois. La loi de programmation militaire prévoit bien l'acquisition de munitions d'artillerie de précision, mais ces munitions n'éliminent pas le besoin de saturation qui s'impose parfois, notamment pour traiter des objectifs enterrés ou protégés, et il faut donc combiner les deux.
Il nous faut aussi prévoir les camions et les transports nécessaires à nos unités pour transporter notamment les obus d'artillerie, qui sont l'élément le plus dimensionnant de la charge logistique de nos brigades et de notre division.