Nous souhaiterions aller un peu plus loin dans la compréhension de la transformation de l'armée de Terre. L'évolution du modèle « Au contact » vers un modèle de combat incarne, à l'évidence, un changement profond du fonctionnement et de son organisation. Cette nouvelle organisation devrait lui permettre d'être plus réactive et de gagner en puissance et en capacité, avec notamment la création d'éléments de soutien au niveau de la brigade et de la division, et en transformant des postes de fantassins et de cavaliers en postes cyber, même si les soldats concernés restent dans les régiments.
Face à l'enjeu de cette nouvelle organisation, plusieurs remarques et questions se posent. Les brigades d'artillerie et de génie sont une très bonne chose, car les combats en Ukraine soulignent au quotidien l'importance de ces fonctions opérationnelles dans le combat terrestre.
Nous convenons tous que l'armée de Terre doit monter en puissance dans son approche hybride pour gagner en réactivité et en agilité. La création du commandement des actions spéciales Terre est, à cet égard, très intéressante. Nous sommes néanmoins surpris de constater que ce futur commandement ne serait pas positionné au niveau de l'EMAT, à l'instar des autres composantes des forces spéciales (FS) et des pratiques de nos alliés. L'architecture qui se profile aujourd'hui comporte en effet un échelon – celui du CFOT, ou commandement des forces opérationnelles terrestres – opérant la liaison des forces spéciales Terre. Ce que l'armée de Terres pourrait gagner à l'approche hybride ne pourrait-il être perdu dans ce positionnement étonnant des forces spéciales Terre ? En d'autres termes, ce nouveau cadre structurant ne les pousse-t-il pas à perdre en agilité et en efficacité ?