Intervention de Général Stéphane Mille

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Stéphane Mille, chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace :

Il reste au drone Reaper une dizaine d'années de vie, et l'Eurodrone arrivera pour prendre la relève ; ses capacités seront supérieures – il ira plus loin, il volera plus longtemps, sa charge utile sera plus importante – et nous disposerons d'une certaine souveraineté dans son utilisation et dans le montage des équipements à bord. Jusqu'en 2030, le Reaper est à la manœuvre ; les premiers Eurodrone arriveront en fin de LPM : voilà le cadencement.

Ceux-là sont les plus voyants, ceux qui donnent les images les plus spectaculaires, mais l'usage des drones dans l'armée de l'air et de l'espace ne se limite pas à cela. J'ai parlé des drones des forces spéciales ; pour protéger nos bases, nous utilisons aussi des minidrones qui servent à regarder au-delà de la clôture. On peut s'attendre à voir, dans les années à venir, tous les soldats affectés à la protection de nos bases aériennes dotés d'un minidrone à la ceinture. C'est un domaine très vaste, depuis l'Eurodrone qui a besoin d'une piste jusqu'au minidrone qui tient dans la main. Le projet de LPM consent un effort réel en ce domaine.

Vous avez parlé du cadencement Rafale. Nous passerons, en 2030, à 137 Rafale en parc. On parle souvent de cohérence ; c'est un des marqueurs du projet de LPM. Je voudrais rappeler que le Rafale, c'est une enveloppe, mais aussi de nombreux équipements à bord. Il y a souvent un débat sur ce que l'on appelle les « missionnels ». Pour les Rafale, il y a en particulier les pods Talios (système optronique d'identification et ciblage à longue portée) ou les radars AESA, les radars à antenne active, qui voient plus loin. Nous en possédons en petite quantité, mais le projet de LPM nous fait passer d'environ 25 à environ 75 AESA en fin de période. Nous disposerons aussi, dès 2026, de 51 pods Talios. Aucune patrouille ne décollera sans pod Talios, alors qu'aujourd'hui nous nous agitons beaucoup pour en avoir un au bon endroit et au bon moment.

C'est le retour d'expérience qui nous apprend l'importance de ces pods : imaginés au départ pour reconnaître un objectif pour une attaque au sol, ils ont montré toute leur utilité pour l'identification visuelle, par exemple. Nos Rafale qui rentrent de Lituanie l'utilisaient pour reconnaître, à vue, les Soukhoï qu'ils interceptaient. Lors de nos missions en Irak et en Syrie, nous nous sommes rendu compte que ce pod permettait de faire du renseignement. Ce n'était pas le cœur de la mission, mais on regardait et on apprenait des choses… Tout cela se construit donc au fur et à mesure. Le projet de LPM prévoit donc un volume de pods plus important que celui que nous envisagions au départ.

J'insiste donc sur la cohérence de l'outil global, à la fois en qualité et en quantité.

S'agissant des Mirage 2000-D, il n'y a pas de coût de prolongation : la fin du Mirage 2000 a toujours été prévue en 2035, comme la fin du Mirage 2000-5 a toujours été prévue en 2027-2028. Il n'y a pas de surprise.

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