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Intervention de Général Stéphane Mille

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Stéphane Mille, chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace :

Oui, la question des ressources humaines nous préoccupe. L'armée de l'air et de l'espace voit des départs. Ils ont été particulièrement conséquents en 2022, pour des raisons partiellement conjoncturelles puisque certaines mesures liées au covid, notamment le report de limites d'âge pour certaines catégories de personnel, ont pris fin : nous avons donc eu deux annuités de départs la même année.

Il ne faut pas que cela se reproduise. L'attractivité du secteur commercial, aéronautique en général mais pas toujours, est bien réelle.

Le projet de loi de programmation militaire doit nous permettre de consolider les effets de la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM). Certes, c'est un dispositif indemnitaire et non indiciaire. Son troisième volet sera mis en place en 2023, et l'année 2024 doit nous permettre d'en mesurer les effets. Les attentes de nos personnels sont fortes en ce qui concerne la prise en charge de la famille – le plan « famille », évoqué hier par le ministre, sera doté de 750 millions d'euros – et aussi en ce qui concerne les infrastructures, notamment les logements. Le ministre a évoqué son souhait de passer de 8 000 à 15 000 logements pour les armées. Tout cela contribue à renforcer l'attractivité.

Vous évoquez aussi la durée des contrats. Il faut rester prudents : l'augmenter, c'est parfois créer un repoussoir à l'entrée de ces personnels. En croyant régler un problème, on en crée parfois un autre ailleurs…

S'agissant des commissionnés, je vous rejoins entièrement. L'armée de l'air et de l'espace est d'ailleurs très en avance sur l'augmentation de leur nombre. Nous avons vu des choses que l'on ne voyait pas : avec la crise du covid, nous avons recruté des commissionnés, des pilotes qualifiés, chez Air France ! Ils ont signé avec nous des contrats de trois ans, renouvelables une fois. Ils sont toujours présents et nous apportent une compétence unique pour faire monter en puissance la flotte d'Airbus A330-MRTT. Nous devons continuer à travailler dans cette voie pour attirer des talents comme ceux-là. Ce n'est pas la solde qui les attire chez nous, mais le sens de la mission, la découverte d'une mission extraordinaire ; ils me disent tous qu'ils vont resigner. Quand on prend soin des gens, on est capable de les conserver. C'est ce que nous ferons avec notre plan de fidélisation.

Il n'y aura pas, au cours de la période couverte par la LPM, d'énormes créations d'effectifs. Nous gérons les flottes, et les ressources humaines associées, de façon fine. J'ai parlé des C-135 : ses effectifs sont évidemment reversés tout de suite vers le MRTT, pour garantir la montée en puissance de celui-ci. Dans chaque transfert, il y a une période de biseau. Cet aspect est pris en considération dans la LPM. Nous aurons les effectifs, mais nos biseaux ne suffiront pas : il faudra réorienter des métiers. C'est ce que nous avons commencé dès 2022 en réorganisant, en déplaçant des brigades vers la province, en réduisant le poids de l'état-major du commandement des forces aériennes à Bordeaux. Nous avons ainsi pu, en 2023, réorienter 69 postes vers nos nouvelles priorités. Enfin, les réservistes nous apportent des capacités supplémentaires.

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