Intervention de Frank Giletti

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrank Giletti :

Nous regrettons fortement que cette audition se tienne à huis clos, d'autant que la précédente, celle du chef d'état-major des armées, était publique. Cette pratique ne va pas du tout dans le sens de nos travaux ; elle ne correspond pas à notre volonté de rendre la défense plus transparente et de renforcer le lien entre l'armée et la nation. Nous examinons un projet de loi à 413 milliards d'euros, qui sera débattu dans l'hémicycle. Que nos travaux préparatoires ne soient pas diffusés n'a aucun sens.

Je déplore par ailleurs le manque d'intérêt des députés pour ces auditions, alors que la LPM engagera nos armées pour les sept prochaines années. Nous ne sommes qu'une quinzaine, et je constate qu'aujourd'hui encore les membres du groupe Rassemblement national sont majoritaires dans cette commission.

J'en viens à ma question. Une réalité doit particulièrement alerter le politique : l'armée de l'air et de l'espace souffre de nombreux départs vers le secteur de l'aéronautique civile, ce qui fait de la fidélisation de son personnel le principal défi à relever en matière de ressources humaines. Il s'agit d'un impératif sur lequel la nouvelle LPM est particulièrement attendue.

Le haut niveau de technicité exigé par les missions qui incombent à l'armée de l'air et de l'espace justifie l'importance du nombre d'officiers – 6 000 – et de sous-officiers – 24 000 – qui la composent. Or ce même niveau de technicité attire nécessairement le secteur industriel et celui de l'aéronautique civile qui, par des conditions de vie – notamment en termes de stabilité géographique – et un salaire plus attractifs, débauchent très facilement le personnel de l'armée de l'air. Le nombre de sous-officiers, d'encadrants et chefs d'équipe se réduit drastiquement, alors que la hausse des recrutements implique de forts besoins d'encadrement. Un problème similaire se pose s'agissant de la fidélisation des personnels navigants qui, eux aussi, sont de plus en plus séduits par les opportunités proposées par l'aéronautique civile.

Dans le cadre de mon avis budgétaire, j'ai eu l'occasion de mettre en lumière ce sujet et surtout de proposer des solutions. Je pense notamment à l'allongement de la durée d'engagement des officiers sous contrat. Plus encore, il me paraît pertinent d'accorder à l'armée de l'air plus de souplesse pour engager directement des officiers originaires du monde civil dits commissionnés, en vue d'attirer des profils hautement qualifiés dans les nouveaux domaines de compétences liés à la défense tels que l'intelligence artificielle ou le cyber. Il me semble surtout impératif de renforcer considérablement la partie indiciaire de la rémunération. Il convient d'attirer et de fidéliser les personnels en poursuivant l'évolution des dispositifs de primes déjà renouvelés sous l'effet de la nouvelle politique de rémunération militaire. Quels leviers la nouvelle LPM nous apportera-t-elle en matière de fidélisation du personnel ?

En outre, l'article 6 prévoit que les effectifs du ministère des armées, à l'exclusion des apprentis civils et militaires, des volontaires du service militaire volontaire et des volontaires du SNU, seront de 271 800 équivalents temps plein en 2027 et de 275 000 équivalents temps plein en 2030. Nous comprenons cependant qu'à ces chiffres s'ajouteront les effectifs du service industriel de l'aéronautique ainsi que les réservistes, et que le ministère pourra adapter ces cibles en fonction de l'évolution du marché du travail. Dès lors, ces effectifs permettront-ils à l'armée de l'air et de l'espace d'assurer la montée en puissance de nouvelles flottes ?

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