Intervention de Général Stéphane Mille

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Stéphane Mille, chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace :

Je suis ravi de pouvoir m'adresser à vous sur un sujet ô combien important pour la définition de notre outil de défense à l'horizon 2030, et même au-delà. Vous le savez, les programmes aéronautiques et la formation de spécialistes aéronautiques, qu'ils soient pilotes ou non, s'étalent sur plusieurs années voire plusieurs décennies. Ce que nous ferons ou ne ferons pas dans la présente LPM aura donc des incidences à long terme sur l'armée de l'air et de l'espace.

Je ne reviendrai pas sur les raisons qui ont conduit à l'élaboration d'un texte d'une telle envergure, prévoyant des ressources importantes sur la période concernée. Vous connaissez le contexte, d'autant que le ministre des armées ainsi que le chef d'état-major des armées (CEMA) se sont déjà exprimés devant vous à ce sujet.

Mon but aujourd'hui, en tant que chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace, est de vous expliquer comment ce projet de LPM doit permettre à notre outil de défense aérienne et spatiale de s'adapter pour continuer à défendre les Français et les intérêts de notre pays face à l'évolution des menaces. La compétition et l'instabilité stratégique s'imposant comme la norme dans les relations internationales, il convient d'adapter et de renforcer notre capacité à agir vite et loin, y compris dans l'espace, avec une permanence accrue et en maîtrisant la force. C'est précisément ce que la puissance aérienne et spatiale apporte à notre pays, au travers de ces qualités intrinsèques que sont la maîtrise de la force, la réactivité, la rapidité, la projection à distance et la réversibilité. Cette puissance aérienne est certes liée au matériel utilisé par l'armée de l'air et de l'espace – et nous reviendrons dans un instant sur les attendus de la LPM –, mais elle est surtout liée aux hommes qui la mettent en œuvre, à l'entraînement qui leur est réservé, à la doctrine qui s'enrichit des nombreux retours d'expérience d'une armée d'emploi, ainsi qu'à l'organisation qui permet d'en tirer le maximum de bénéfices. C'est donc une cohérence sur l'ensemble de ce que nous appelons le spectre DORESE – doctrine, organisation, ressources humaines, équipements, soutien des forces, entraînement – que ce projet de LPM s'est attaché à garantir pour assurer dans la durée l'efficacité de l'outil aérien et spatial.

Mon propos liminaire s'articulera autour de deux axes : après avoir décrit les avancées significatives permises par ce projet de LPM pour les capacités de l'armée de l'air et de l'espace, conformément aux orientations définies par le Président de la République, je vous exposerai avec objectivité et obligation morale les points de vigilance que j'identifie à ce stade. Quel que soit le travail de planification réalisé, il subsiste toujours des incertitudes, voire des prises de risques – ce projet de LPM n'y échappe pas.

Une capacité aérienne militaire répond avant toute chose à une ambition prenant en compte l'évolution de l'environnement, notamment de la menace. Permettez-moi de rappeler ces mots du Président de la République : « Les menaces sont multiples et s'agrègent plutôt qu'elles ne se succèdent. » Les conflits de haute intensité ont fait leur retour en Europe, alors que l'ordre international laisse sa place à l'état de nature entre les nations. Les mutations globales, climatiques, énergétiques, technologiques et les déstabilisations associées s'ajoutent au risque à bas bruit du terrorisme, toujours présent.

Dans le domaine aérien et spatial, qui nous concerne, on constate, sans être exhaustif, que la dialectique nucléaire est remise en lumière et que les stratégies de déni d'accès aérien se développent et se renforcent chez nos compétiteurs. Nous sommes également tous témoins de l'utilisation massive et désinhibée de drones de tous gabarits, y compris low cost, pour mener des actions militaires offensives ou de reconnaissance. De même, la crise des ballons chinois a sensibilisé le monde entier aux enjeux de la très haute altitude. Enfin, on assiste à l'emploi de plus en plus régulier du brouillage des moyens spatiaux, militaires ou civils.

Face aux défis de la conjoncture, quelles sont les priorités de l'armée de l'air et de l'espace dans le cadre de ce projet de LPM ?

Tout d'abord, pour affirmer la souveraineté de la France, notre priorité absolue sera la modernisation des outils de nos deux missions structurantes depuis 1964 : la composante nucléaire aéroportée permanente, d'une part, et les moyens de la posture permanente de sûreté aérienne (PPS-A), d'autre part. Le but est qu'elles restent toutes deux crédibles, robustes et efficaces.

Pour ce faire, le renouvellement de la composante nucléaire aéroportée sera poursuivi, dans une logique de stricte suffisance. Côté armes, la rénovation du missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMP-A) s'échelonnera jusqu'au terme de la LPM. Nous venons d'en recevoir la première maquette à Saint-Dizier, ce qui permettra d'entraîner les équipes de mécaniciens en matière de MCO. Par ailleurs, la LPM prend en compte le développement de la quatrième génération de missiles aéroportés. Côté porteurs, les évolutions du Rafale et les réflexions sur le système de combat aérien du futur (SCAF) permettront de garantir un niveau de pénétration adapté à la mission face à des menaces modernisées, qu'elles soient sol-air ou air-air. La capacité de ravitaillement en vol sera également complétée, dès le début de la période, par la conversion des trois derniers A330 au format Multi Role Tanker Transport (MRTT). Cette dynamique permettra un retrait accéléré des vieux C135 dès 2025 et optimisera la gestion d'une flotte homogène et polyvalente. Par ailleurs, le ravitailleur MRTT Phénix bénéficiera d'évolutions dans le domaine de la connectivité, en cohérence avec la flotte Rafale, notamment dans les domaines de l'autoprotection et de la résilience de ses moyens de navigation.

Pour ce qui concerne la PPS-A, nous déploierons, dans le cadre du programme de système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA), des radars tactiques GM200, des radars d'approche et des radars Trac 2400 pour améliorer nos capacités de détection au-dessus du territoire national, y compris dans les hautes altitudes. Le système d'information permettant la planification et la conduite des opérations aériennes, dont la PPS-A, bénéficiera du déploiement de l'Air Command and Control System (ACCS) développé au sein de l'OTAN. Cela garantira une interopérabilité avec nos alliés. S'agissant des intercepteurs, la reprise des livraisons Rafale compensera le retrait des Mirage 2000-5 attendu en 2028. L'arrivée de l'hélicoptère interarmées léger (HIL) avant la fin de la décennie permettra de remplacer progressivement nos Fennec PPS.

L'armée de l'air et de l'espace renforcera son aptitude à intervenir immédiatement sous toutes les latitudes afin de protéger nos intérêts hors métropole, notamment dans nos outre-mer, et de garantir notre souveraineté. Ainsi, la LPM confortera l'évolution des flottes chasse et transport.

D'ici à 2030, près de soixante Rafale seront livrés. J'intègre dans ce chiffre ceux de 2023 ; sur la stricte période de la LPM (2024-2030), ce sont quarante-cinq Rafale qui seront livrés. Cependant, dix-sept Rafale seront prélevés sur l'existant pour les besoins export – je parle ici du solde des livraisons vers la Grèce et la Croatie. La transition vers le « tout-Rafale » à l'horizon 2035 sera clairement relancée, avec un objectif confirmé de 185 appareils à terminaison.

Sur le plan qualitatif, qui est au moins aussi important que le nombre d'appareils, vous avez annoncé la qualification du premier Rafale F4. Ce standard sera celui des livraisons effectuées pendant toute la période de la LPM. Décomposé en trois sous-standards dénommés F4.1, F4.2 et F4.3, il est en réalité le premier standard du combat collaboratif, dont les avancées principales sont les suivantes : développement de la connectivité, amélioration de la survivabilité, intégration d'armements rénovés, amélioration de la disponibilité. Nous pourrons y revenir plus en détail si vous le souhaitez. Le ministre des armées a par ailleurs validé il y a quelques jours le lancement des travaux de développement du standard F5, celui de la prochaine décennie. Ces travaux seront réalisés dans le cadre de la présente LPM : ils témoigneront de l'évolutivité du Rafale, que nous recherchons depuis plusieurs décennies. Le standard F5 permettra au Rafale de garder un coup d'avance face aux menaces. Avec la généralisation des stratégies de déni d'accès, le maintien de notre capacité d'entrer en premier est un défi pour l'aviation de combat.

La LPM accompagnera le développement du SCAF, dont la phase 1B a été enclenchée fin 2022. La fin de cette phase, attendue en 2025, aboutira à la définition de l'architecture finale du SCAF et du spectre des capacités du chasseur – sa manœuvrabilité, sa furtivité, sa puissance. Je pense aussi aux « remote carriers », ces drones qui accompagneront le vecteur piloté : nous verrons quels seront leur taille, leurs fonctions et leur degré de connectivité. Les travaux de recherche préciseront les niveaux et types de technologies clés – furtivité, connectivité, moteur. Ils détermineront, entre autres, la forme aérodynamique du démonstrateur. Dans les mois à venir, nous verrons peu à peu se dessiner le futur chasseur européen et ses drones d'accompagnement. Je rappelle que le SCAF inclura le vecteur piloté, les drones d'accompagnement, les Rafale, qui feront partie intégrante du système futur, ainsi que le cloud qui reliera l'ensemble des acteurs.

Je quitte l'aviation de chasse pour en venir à l'aviation de transport. La période 2024-2030 verra la livraison d'au moins douze A400M ; cela nous permettra d'atteindre la cible d'au moins trente-cinq appareils à l'horizon 2030. À cette échéance, nous serons en mesure de transporter cinq fois plus de fret avec deux fois moins d'avions qu'en 2012. Ce chiffre n'intègre pas la capacité du MRTT à participer à la manœuvre de projection. Grâce à la montée en puissance du MRTT, la période 2024-2030 verra la mise en service du hub logistique des armées à Istres ; sa capacité de transport et de gestion de transport sera assez impressionnante puisqu'elle pourra atteindre, dès 2024, 100 000 passagers et 9 000 tonnes de fret par an.

Par ailleurs, le lancement du développement, au niveau européen, du Future Medium-Size Tactical Cargo (FMTC), le cargo médian, permettra de pallier le retrait de nos C130H, puis de nos Casa, au cours de la prochaine décennie. Nous participerons aussi à des travaux de réflexion sur un outsize cargo permettant le transport des vecteurs hors gabarit.

Au bilan, la modernisation de nos vecteurs aériens – Rafale, A400M, MRTT – confortera notre capacité à projeter de la puissance aérienne loin, partout sur le globe, en particulier dans nos outre-mer et dans la zone indo-pacifique. Une illustration de cette capacité est le prochain déploiement Pégase, fin juin 2023 : dix Rafale, cinq MRTT et quatre A400M rejoindront la Malaisie en quarante-huit heures, avant de participer à un exercice global à grande échelle (LSGE) à partir de l'île de Guam. Pendant cet exercice, les A400M prendront part à plusieurs activités au bénéfice des forces stationnées en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie. De nombreuses escales valorisées permettront, au cours du déploiement, de renforcer nos liens avec nos principaux partenaires de la région – je pense à Singapour, à l'Indonésie, à la Corée du Sud, au Japon, au Qatar et à Djibouti.

Une autre ambition forte de ce projet de LPM concerne l'espace, le cinquième milieu de conflictualité. La stratégie spatiale de défense française, élaborée en 2019, prévoit le maintien de notre autonomie stratégique nationale, la garantie d'accès au milieu spatial et la défense des intérêts nationaux, y compris de manière active. La LPM consolidera notre action depuis l'espace, renforcera notre action vers l'espace et développera notre action dans l'espace, grâce à un budget de plus de 6 milliards d'euros.

Les principales réalisations porteront, pour l'action depuis l'espace, sur la composante spatiale optique (CSO) : le troisième satellite sera lancé, tandis que son successeur, Iris, sera développé puis mis en orbite. Cela permettra d'améliorer globalement notre taux de revisite et de bénéficier d'une meilleure résolution ainsi que du recueil d'un nombre d'images plus important. Le successeur de Ceres, le satellite Celeste, est attendu en orbite à partir de 2029.

S'agissant de la communication par satellite (Satcom), les réflexions se sont portées sur la constellation de connectivité sécurisée et multiorbite européenne Iris 2. Nous visons une meilleure couverture et une meilleure latence, ce qui est important pour notre futur cloud de combat, ainsi qu'une plus grande résilience. Cette constellation complétera nos moyens souverains, avec un noyau étendu qui garantira notre accès à la Satcom.

J'en viens à l'action vers l'espace. Nos travaux se concentreront sur le radar de nouvelle génération de surveillance de l'espace, attendu pour la fin de la présente décennie. Il prendra la suite du système de grand réseau adapté à la veille spatiale (Graves).

Quant à l'action dans l'espace, elle concernera le démonstrateur de patrouilleur-guetteur Yoda – yeux en orbite pour un démonstrateur agile –, qui sera lancé en 2025, et ses successeurs, prévus pour 2028. Cette action en orbite géostationnaire sera complétée par un programme innovant d'action en orbite basse, dite LEO ( low earth orbit). Notre objectif sera d'explorer, dès 2023, la question des patrouilleurs en LEO de manière rapide et agile, profitant des opportunités offertes par le « New Space ». Cela devrait se concrétiser en 2025 par la mise en orbite – sur une orbite d'intérêt – d'un patrouilleur-guetteur français de type micro ou nanosatellite. S'agissant des démonstrateurs laser, des expérimentations doivent nous permettre d'envisager l'utilisation de lasers depuis le sol ou l'espace. Une première capacité est envisagée dès 2025.

Tous ces projets seront réalisés dans un contexte de montée en puissance du centre de commandement (C2) de l'espace, aussi appelé centre de commandement, de contrôle, de communication et de calcul des opérations spatiales (C4OS) Astreos. La première pierre du bâtiment, qui accueillera également le centre d'excellence de l'Otan, sera posée à Toulouse en 2023. L'inauguration est prévue en 2025, année qui verra la première capacité opérationnelle du système de commandement. Sa montée en puissance se fera progressivement, tout au long de la LPM, avec une pleine capacité opérationnelle attendue avant 2030.

La quatrième ambition de l'armée de l'air et de l'espace est le renforcement de son aptitude à s'engager dans un conflit de haute intensité et d'assumer le rôle de nation cadre au sein d'une coalition de l'Otan, de l'Union européenne ou de circonstance. L'armée de l'air devra pouvoir projeter jusqu'à quarante Rafale et les avions d'accompagnement associés. Cette LPM permettra de réaliser un effort significatif dans le domaine de l'entrée en premier – j'ai déjà évoqué devant vous la capacité de destruction des défenses antiaériennes ennemies (SEAD) –, avec le développement du standard de Rafale F5 et de l'armement futur missile antinavire/futur missile de croisière (FMAN/FMC), ainsi que dans le domaine de la défense sol-air.

À ce propos, je vous avais dit l'an dernier que la défense sol-air avait longtemps été le « parent pauvre » de notre outil de défense. La LPM à venir rectifie résolument la tendance en accentuant les efforts dans ce domaine, tant en qualité – elle prévoit le renouvellement de 100 % de la capacité actuelle de défense sol-air de l'armée de l'air et de l'espace – qu'en quantité – les livraisons, au-delà de l'existant, interviendront dès le début des années 2030. Je pourrai vous expliquer plus précisément en quoi l'évolution qualitative est significative en termes de couverture réalisable avec ces moyens modernes.

Ce projet de LPM comporte également quelques marqueurs forts pour la cohérence d'ensemble de l'armée de l'air et de l'espace.

Il s'agit, en premier lieu, des drones. Après vingt-cinq ans d'expérience opérationnelle ininterrompue, l'armée de l'air et de l'espace poursuivra sa montée en puissance dans ce domaine. Le Reaper recevra un pod Roem – renseignement d'origine électromagnétique – et de nouvelles capacités permettant une exploitation à plein régime avant sa fin de carrière, dans une dizaine d'années. D'ici là, le développement et la mise en service de l'EuroMale doteront l'armée de l'air et de l'espace, et trois nations européennes impliquées dans ce programme, d'un outil interopérable et souverain, au potentiel d'évolution élevé. Il pourra en particulier être adapté, si nécessaire, pour des besoins outre-mer. La livraison de systèmes Skylark, SMDR – système mini-drones de reconnaissance – et Drop, principalement au profit de nos forces spéciales, est également prévue.

Je voudrais aussi insister sur l'importance de la simulation dans la préparation opérationnelle des aviateurs. Des investissements importants serviront à la généralisation de la simulation massive en réseau, qui permettra de connecter l'ensemble des simulateurs afin de simuler des missions complexes et de mettre en œuvre des moyens LVC – live, virtual, constructive. Les équipages pourront ainsi combiner activité réelle et activité simulée et s'entraîner de manière plus réaliste à la haute intensité.

Les munitions aériennes sont un autre objet de cohérence, car le pouvoir de coercition d'une arme aérienne est directement lié à ses capacités létales. Sur les 12 milliards d'euros que la LPM consacre à l'acquisition de munitions, 7 milliards environ seront affectés à l'armée de l'air et de l'espace. Ainsi, les stocks de nos munitions complexes seront notablement complétés. À titre d'illustration, le nombre de missiles Aster et Mica sera presque doublé d'ici à 2030, tandis que plus de 100 missiles Meteor seront livrés sur la période.

La composante hélicoptères moyens joue également un rôle important. Le projet de LPM vise à disposer d'une flotte modernisée, dont la meilleure disponibilité est particulièrement attendue dans nos outre-mer. Le remplacement des Puma, tant sur le territoire métropolitain qu'outre-mer, sera engagé grâce à la réception des huit Caracal du plan de soutien à l'aéronautique, entre 2024 et 2026, et au transfert attendu des huit Caracal actuellement positionnés au sein de l'armée de terre.

De nombreuses capacités de l'armée de l'air et de l'espace seront ainsi soit renforcées, soit développées dans le cadre de la prochaine LPM. Pour autant, comme je vous l'ai dit en introduction, certains aspects qui paraissent simples se nuancent au gré de la conjoncture et nous incitent à rester vigilants. Les points sur lesquels je souhaite appeler votre attention concernent les ressources humaines, l'activité et les infrastructures aéronautiques.

Si la technologie est consubstantielle à la puissance aérienne, le cœur de l'armée de l'air et de l'espace est, quant à lui, bien incarné par ses aviateurs, car il n'est de richesse que d'hommes. Il me faut par conséquent des aviateurs en nombre et formés correctement pour être capables d'exploiter pleinement les potentialités de la puissance aérienne et d'accroître les capacités de notre armée. Si le format de l'armée de l'air et de l'espace doit légèrement augmenter pendant la période de la prochaine LPM, l'enjeu majeur à ce stade porte sur la fidélisation des existants. Les mesures qui seront prises dans le cadre du plan « famille 2 », dans le domaine de la condition du militaire, sont à mes yeux essentielles pour retenir les talents. À mon niveau, et bien que cela ne relève pas stricto sensu de la LPM, je m'efforce de dynamiser le parcours des aviateurs et de maîtriser les flux sortants. J'ai étendu le champ des conventions : à la convention historique avec Air France, qui permet de canaliser le départ des pilotes vers cette compagnie, s'ajouteront bientôt d'autres conventions conclues avec l'ensemble des industries de défense, qui ont évidemment d'énormes besoins en personnels formés et compétents. Dassault a signé, Thalès est sur le point de le faire, et les autres suivront. Enfin, la réserve participera directement à la performance de l'armée de l'air et de l'espace : la LPM nous permettra de dépasser les 10 000 réservistes, contre environ 5 500 actuellement.

Le deuxième point d'attention concerne l'activité. Pour être courageux, il faut exercer le courage, enseignait Aristote ; il en est de même pour le vol. Ceux d'entre vous qui ont pu assister récemment à l'exercice Poker ont, je l'espère, constaté le niveau d'exigence requis pour tous les acteurs afin de mener un raid stratégique, qu'il soit nucléaire ou conventionnel, à très longue distance, dans un environnement contesté. L'entraînement sera donc un sujet d'attention, dans un contexte inflationniste majeur. Hier, le ministre des armées a insisté sur la priorité qu'il donnait à l'activité : c'est bien ce que nous favorisons dans le cadre de cette LPM, qui intègre les hypothèses de Bercy, notamment en matière de coût du carburant opérationnel, et dont l'article 5 permettra d'actualiser la programmation en fonction de la hausse des prix. Sous réserve de la maîtrise de cet impact, notre ambition sera bien de rejoindre progressivement les objectifs de préparation opérationnelle inscrits dans le rapport annexé.

Enfin, l'infrastructure est un point d'attention majeur, partagé par l'ensemble des armées, directions et services. Pour ce qui concerne l'armée de l'air et de l'espace, je serai particulièrement vigilant quant au niveau d'entretien des aires aéronautiques, qui sont un élément clé des outils de combat que sont nos bases aériennes.

Non seulement ce projet de LPM consolide l'aptitude de l'armée de l'air et de l'espace à mener les opérations actuelles, mais il prépare résolument les engagements de demain face aux menaces prévisibles à l'horizon de la prochaine décennie.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion