L'Union européenne travaille à des projets d'acquisitions conjointes, ce qui est un exercice très difficile. Il est vrai que de nombreux pays continuent d'être tournés vers les États-Unis ou la Corée du Sud. C'est aussi une question de disponibilité. Je crois, à l'inverse, qu'il faut œuvrer dans une optique de long terme et rechercher le développement de capacités à travers le Fonds européen de la défense, qui finance la recherche et le développement. Ce Fonds est l'initiative la plus judicieuse et la plus sérieuse que l'Union européenne ait jamais lancée en matière de défense. J'ai même parfois l'impression que c'est la seule. Il donnera des résultats à très long terme mais l'Union européenne fonctionne ainsi. Lorsqu'elle doit intervenir dans des politiques structurelles de long terme, elle se montre très efficace. Lorsque nous développerons ensemble des capacités européennes, il sera plus facile de les acheter.
J'émettrai un avis plus nuancé sur les coopérations. Celles-ci se heurtent parfois à des obstacles mais elles ont aussi engrangé de vrais succès, que l'on tend à oublier. La plus grande réussite, en termes de coopération industrielle, est le système de localisation satellitaire Galileo. Présenté comme civil, il a en fait été lancé en ne pensant qu'à sa dimension militaire, ce qui ne pouvait être dit à l'époque. Le dispositif a été financé sur fonds communautaires et s'avère être aujourd'hui l'un des systèmes de géolocalisation les plus efficaces au monde, avec le BeiDou chinois et Glonass.