Messieurs, vous m'avez conforté dans la conviction que les communistes avaient raison et qu'il fallait dissoudre l'OTAN. Vos exposés, complémentaires et à quelques rares égards contradictoires, nous montrent que si nous n'avions pas été sous l'assistance permanente des États-Unis, nous aurions cherché et trouvé le chemin de la complémentarité et d'une organisation à l'échelle européenne. Tant que nous serons sous cette perfusion américaine, nous ne trouverons pas ce chemin. Il faut cependant reconnaître que les Américains sont surprenants. Vous l'avez dit à demi-mots. Si l'Europe s'industrialise et fait le choix politique de s'armer par ses propres moyens et ses propres entreprises, les États-Unis auront beaucoup moins d'intérêt à contrôler ou même à faire partie de l'OTAN car celle-ci présente l'intérêt de faciliter la vente d'équipements. Si les États-Unis se tournent vers la Chine, considérant qu'il incombe aux Européens de s'occuper de la sécurité européenne et de leur défense, ce qui est assez logique, il nous appartiendra d'y travailler.
Nous devons coopérer et rechercher une complémentarité des budgets militaires européens. Plusieurs « bonsaïs » ne font pas un « grand chêne », pour reprendre votre image. Nous devons bâtir ce chêne robuste, par des complémentarités et donc faire des choix. Nous en avons déjà fait un, fort coûteux : la dissuasion. Cette logique me paraît totalement « hors sol » au regard des enjeux de notre monde. Pensons par exemple à la question climatique. L'argent devrait être utilisé autrement, comme je l'ai souvent souligné au sein de cette commission.
Si nous prétendons bâtir une défense européenne, je crois que vous auriez dû commencer par souligner que cela supposait d'abord l'existence d'une réelle diplomatie européenne car la défense est, en principe, au service d'une diplomatie. Or l'Europe se distingue par la diversité des prises de position des uns et des autres. Vous avez vous-mêmes rappelé les critiques parfois formulées à l'endroit du président de la République du fait de ses prises de position. La notion de défense de l'Europe, choisie comme titre pour cette table ronde, me plaît bien. Plutôt que d'imaginer une défense européenne, chaque nation européenne devrait s'atteler à créer une défense de l'Europe commune.