Il existe effectivement une spécificité française du fait de notre présence en zone indopacifique et une difficulté à faire prendre la mesure à nos partenaires européens de l'importance de ce théâtre potentiel de crise. Quelques pays en Europe le comprennent, parfois du fait de leur passé colonial. C'est le cas des Pays-Bas et du Royaume-Uni, hors de l'Union européenne. On peut le dire aussi, dans une moindre mesure, de l'Allemagne, qui a commencé à montrer son drapeau. Convaincre les uns et les autres de prendre ce sujet au sérieux reste un combat, d'autant plus que le fait d'avoir des territoires et une population importante, outremer, ainsi que des intérêts reconnus, s'avère assez dimensionnant, notamment pour nos forces navales.
Le projet de loi de programmation militaire insiste à juste titre sur les nouveaux espaces de conflictualité, qui forment un peu le non-dit de la guerre en Ukraine. Les moyens spatiaux et cyber ont été utilisés à une échelle considérable. Nous avons l'impression d'une guerre du XXème siècle. L'Ukraine n'aurait pourtant pas tenu sans les renseignements fournis par les moyens spatiaux, qu'ils soient civils ou militaires. Reconnaître – ce que fait déjà l'OTAN – l'espace et le cyber comme de nouveaux champs de conflictualité est fondamental. Il faut bien sûr penser ces espaces de façon appropriée. C'est un effort peu visible mais tout à fait nécessaire. La coopération européenne, en particulier pour l'espace, a tout son sens en ceci qu'elle permettra de disposer d'un effet de levier. Nous ne pourrions, seuls, être un acteur spatial de premier rang mais l'Union européenne a déjà ce rang, avec Galileo et d'autres projets d'envergure.