La Pologne est effectivement en train de monter en puissance. Il faut voir jusqu'où ira ce mouvement. Elle dépense énormément et devient un pays de premier plan. Je ne suis pas certain qu'elle conserve dans la durée une orientation favorable à la France. Sa culture stratégique sera toujours différente de celle de la France. Rappelons aussi qu'il s'agit d'un pays de 40 millions d'habitants, dont le PIB n'est pas tout à fait du même ordre que celui du Royaume-Uni.
Quant à l'intégration européenne et aux coopérations susceptibles de voir le jour au sein de l'Union européenne, outre la complexité de ces coopérations, une telle orientation ne se perçoit pas dans ce projet de loi de programmation militaire. Il me semble néanmoins que la France n'a pas réellement le choix : si le Royaume-Uni dispose, avec les États-Unis, d'une alternative, la France n'a pas cette option. Quoi qu'il en soit, une défense européenne ne se fera pas à vingt-sept. C'est la raison pour laquelle il me semble indispensable de réfléchir à la possibilité de développement d'une coopération parallèle à celle de l'Union européenne, qui ne soit pas détachée de celle-ci mais qui permette aux pays les plus volontaires d'aller de l'avant dans leur coopération, à l'image de ce que devait permettre la coopération structurée permanente. Celle-ci n'avait finalement pas vu le jour, l'Union européenne ayant préféré se diriger vers une coopération permanente inclusive, de façon parfaitement contradictoire avec les ambitions initiales de la coopération structurée permanente.