Je répondrai avec plus de calme et, en tout cas, sans désigner personne nommément – ce que je trouve peu élégant, en particulier en politique. Je vous laisse à vos ressentis, madame la députée, s'agissant de l'autosatisfaction que vous évoquez. Lorsque l'on fait face aux difficultés que nous traversons depuis plusieurs années, il n'y a pas d'autosatisfaction, il n'y a que la réalité. Un économiste – vous l'étiez, je ne sais pas si vous l'êtes encore – doit aussi considérer la froideur des chiffres. Il n'est pas nouveau qu'un certain nombre de nos compatriotes rencontrent des difficultés. J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte pour m'être occupée de ces sujets pendant deux ans en tant que secrétaire d'État chargée de l'économie sociale, solidaire et responsable, au service des associations luttant notamment contre la précarité alimentaire. Constater le taux d'inflation alimentaire en mars 2023 en Europe, ce n'est pas faire preuve d'autosatisfaction, mais faire une observation : la moyenne européenne se situe à 19,2 %, contre 14,9 % en France. En dépit de ce que disaient certains de vos collègues, ce taux est bien inférieur à celui que connaît la Belgique où les salaires, je le rappelle, sont indexés sur l'inflation – je n'avais pas eu le temps de répondre au député Baptiste à ce sujet.
Pour le reste, madame la députée, vous mentionnez ce qui serait « ma » loi Descrozaille. Je rappelle que ce texte, d'initiative parlementaire, a été voté à l'unanimité. Je subodore donc qu'un certain nombre de députés ici présents, possiblement de votre groupe, y ont adhéré. En tout cas, par définition, aucun député ne s'y est opposé.
Nous n'avons pas la même vision politique des choses, mais cette divergence peut s'exprimer dans le respect. Je ne crois pas que le blocage des prix soit la solution, comme le prouve la situation de certains pays européens. Je crois aussi que tout ne doit pas obligatoirement passer sous les fourches caudines de la loi et que, comme d'autres démocraties, nous pouvons trouver des accords avec les acteurs économiques sans les caricaturer ou les décrédibiliser. Je l'ai dit et je le redis avec force : premièrement, nous avons écrit aux industriels. Deuxièmement, nous les rencontrerons bientôt et n'hésiterons pas à dénoncer ceux qui ne veulent pas rouvrir des négociations, ainsi qu'à communiquer le nom de ceux qui acceptent de le faire. Troisièmement, je redis clairement ce qu'a dit Bruno Le Maire : si les deux premières étapes ne fonctionnent pas, il nous reste une arme, celle de la fiscalité, et nous prendrons nos responsabilités.)