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Intervention de Olivia Grégoire

Séance en hémicycle du vendredi 5 mai 2023 à 9h00
Quelles réponses à l'envolée des prix des produits de grande consommation

Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme :

Par quelques mots introductifs, je vais dresser les constats que je souhaite partager avec vous avant d'essayer, à travers les réponses aux questions que vous me poserez, de répondre à l'interrogation qui fait l'objet du débat de ce matin : « Quelles réponses à l'envolée des prix des produits de grande consommation ? »

Je ne doute pas que la première heure du débat, passée avec les spécialistes, aura été éclairante. Les conséquences de l'inflation sur les prix des produits de grande consommation en France sont claires. En avril 2023, l'inflation des produits de grande consommation s'établissait à 5,9 %, contre 5,7 % le mois précédent. Les produits alimentaires ayant subi la plus forte hausse en un an – il me semble important de rappeler ces évidences – sont le sucre – + 27 % –, les huiles – + 25 % –, la farine – + 24,7 % –, le beurre – +24 % – et les pâtes alimentaires– + 20 %.

Depuis le début de l'année, nous assistons à une baisse globale d'environ 5 % des volumes de vente des produits de grande consommation, avec une diminution très marquée s'agissant de plusieurs catégories de produits alimentaires – liquides, surgelés, frais non laitier. En tant que ministre déléguée chargée de la consommation, je surveille évidemment ces chiffres avec attention. Je me déplace, j'écoute, je lis, je prends en considération les préoccupations exprimées par nos concitoyens et que vous, élus, me faites remonter.

Comme vous le savez – et nous aurons très certainement l'occasion d'y revenir au cours de nos échanges –, avec Bruno Le Maire, nous avons instauré depuis le 15 mars un trimestre anti-inflation, démarche à laquelle la grande distribution s'est pleinement associée.

Je saisis l'occasion qui m'est donnée de rappeler quelques vérités sur cette mesure. Elle n'a jamais eu vocation à casser l'inflation, d'autant qu'elle ne concerne qu'un peu plus de 2 000 des 20 000 produits vendus par les hypermarchés. Son ambition était triple. Premièrement, s'assurer de l'arrêt de l'inflation des prix pour les produits visés – c'est bien le cas. Deuxièmement, encourager les premières baisses de prix : six semaines après le déploiement du dispositif, nous constatons une diminution d'environ 5 % du prix des produits concernés. Bien entendu, ce chiffre est une moyenne : la baisse peut être un peu plus ou un peu moins importante selon les distributeurs. Troisièmement, freiner la baisse des volumes, notamment des MDD. Ce n'est pas un sujet anodin, car derrière les MDD, on trouve très majoritairement des PME agroalimentaires, des producteurs et des éleveurs français. L'importante baisse des volumes que nous avons constatée en début d'année a été partiellement freinée par le trimestre anti-inflation, et nous assistons à une remontée à deux chiffres des volumes sur différents produits frais, notamment les viandes et poissons.

Si nous estimons la baisse des prix des produits à 5 % depuis le lancement du trimestre anti-inflation, l'inflation des produits alimentaires s'est stabilisée à 15,9 % en mars avant d'entamer une décrue en avril, où elle n'atteint plus que 14,9 %. Il faut voir cette diminution de 1 % comme un signal.

La semaine prochaine, avec Bruno Le Maire, nous recevrons à Bercy les distributeurs pour évoquer les modalités d'une prolongation du dispositif au-delà du 15 juin, afin de protéger les ménages jusqu'à la rentrée. Comme je ne doute pas que nous en parlerons ensemble dans l'heure qui vient, je ne serai pas plus longue.

Nous avons choisi d'en appeler à la responsabilité de chacun. Ainsi, parallèlement à l'instauration d'un trimestre anti-inflation, nous avons écrit aux industriels considérés comme les grands fournisseurs de l'industrie agroalimentaire pour leur demander de rouvrir les négociations commerciales le plus rapidement possible : des baisses de prix sont possibles, il faut créer les conditions d'y parvenir. L'État a pris sa part, tout comme les distributeurs ; les consommateurs prennent la leur au quotidien ; nous attendons désormais des industriels qu'ils fassent de même, sans mettre en péril les objectifs de souveraineté alimentaire et industrielle défendus par le Gouvernement et, bien entendu, dans le strict respect des dispositions de la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite Egalim 1, et de la loi visant à protéger la rémunération des agriculteurs, dite Egalim 2. Nous veillerons à ce que tous jouent le jeu. Les baisses de prix d'achat doivent être répercutées intégralement pour les consommateurs : c'est l'une des conditions pour faire aboutir les renégociations qui s'engagent.

Avant de laisser la place aux questions, je tiens à rappeler que le trimestre anti-inflation et l'ouverture de négociations avec les industriels font suite au déploiement de tout un arsenal de mesures – que vous êtes d'ailleurs plusieurs à avoir voté ces derniers mois : plafonnement des hausses de loyer, bouclier tarifaire sur l'énergie, remises sur le carburant, prime pour les gros rouleurs, autant de mesures qui ont permis de préserver le pouvoir d'achat des Français face à cette difficile vague inflationniste.

Quelques chiffres pour terminer mon propos liminaire : selon l'Insee, la croissance a été positive au quatrième trimestre de 2022, et atteint même 2,6 % sur l'année. Au quatrième trimestre, l'évolution du pouvoir d'achat a également été positive, puisqu'il a progressé de 0,8 % selon l'Insee. Malgré un contexte particulièrement difficile, le pouvoir d'achat a donc été globalement préservé en 2022, puisque son évolution a été estimée à plus ou moins 0,2 %, selon qu'on s'exprime en données agrégées ou en unités de consommation. Si on prend en compte les chèques énergie, le pouvoir d'achat ajusté a progressé de 1,2 % en 2022. Il me semblait important de partager ces chiffres avec vous et de rappeler le contexte pour donner plus de perspective au débat. Je me tiens désormais à votre disposition pour vous écouter et répondre à vos questions.

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