La ligne du Gouvernement, la ligne du ministère de la santé et de la prévention, a toujours été claire : nous ne croyons pas à la coercition, à la régulation, à l'obligation – c'est un peu ce que sous-entend votre question. Instaurer la contrainte à l'installation, c'est l'illusion d'une solution facile. Ceux qui croient à ce remède attrayant à court terme oublient que créer des rigidités et des contraintes risque en fait d'être totalement contreproductif. Il ressort de mes discussions avec nombre de jeunes médecins, de jeunes internes, que les jeunes changent désormais assez facilement de voie et pourraient donc très vite, dans le cas qui nous intéresse ici, ne plus exercer la médecine et choisir un autre métier. Le risque est donc bien de détourner plus encore de l'exercice de la médecine, notamment les plus jeunes.
Le pendant, à préserver, de la liberté d'installation, c'est la responsabilité collective pour répondre aux besoins de santé dans les territoires. Nous sommes convaincus, et nous agissons en ce sens, de la nécessité du dialogue et de l'organisation au niveau local par la confiance plutôt que par la défiance. Le règlement arbitral entre les médecins et l'assurance maladie permet d'avancer sur plusieurs dispositions importantes visant à faciliter l'accès aux soins et à valoriser l'engagement des médecins au quotidien.
Nous menons une politique globale pour, à court terme, libérer du temps médical pour les soignants, fluidifier les organisations, améliorer l'exercice coordonné et le partage de compétences, et réduire les tâches administratives. À long terme, nous entendons renforcer les effectifs – le numerus clausus a été supprimé, on l'a rappelé –, travailler sur toutes les formations en santé, autant sur le plan quantitatif en ouvrant toujours plus de places, que sur le plan qualitatif pour que ces étudiants entrant en formation soient diplômés. Nous avons tous conscience que la réponse n'est pas unique mais multiple. Or nous prenons tous ces chantiers à bras-le-corps.