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Intervention de Léo Walter

Séance en hémicycle du vendredi 5 mai 2023 à 9h00
Crise de l'hôpital public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLéo Walter :

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les urgences de l'hôpital de Manosque, qui sont un service public essentiel pour ce bassin de population de 120 000 habitants – dont le nombre double en période estivale – ont été fermées pendant 119 nuits en 2022. Or, lorsque les urgences de Manosque sont fermées, il faut aller à Pertuis, à 45 kilomètres, à Sisteron, à 55 kilomètres, ou à Digne, à 60 kilomètres. Et ce n'est pas au médecin qu'est le ministre de la santé que j'apprendrai les conséquences que peut avoir le fait de devoir parcourir un kilomètre de plus dans les cas d'urgence vitale.

À Manosque, en septembre dernier, un infirmier et une aide-soignante m'ont raconté qu'un soir de fermeture du service des urgences, alors qu'ils étaient en pause devant l'hôpital, ils ont vu arriver une voiture avec une jeune femme blessée à bord : « La seule chose qu'on a pu faire, nous, soignants, devant un hôpital techniquement ouvert mais fermé au public, c'est d'appeler les pompiers pour qu'ils la prennent en charge. Un sentiment d'impuissance insupportable pour nous, qui avons choisi ces métiers pour soigner et secourir », m'ont-ils dit.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela ne va pas mieux : de janvier à mars 2023, 16 nuits de fermeture ; en avril, 30 nuits consécutives de fermeture et la mise en œuvre d'une régulation de l'accueil des patients en journée. Le mois de mai s'annonce tout aussi dramatique…

Contrairement à ce qu'a déclaré François Braun, l'application brutale de la loi Rist a eu des conséquences désastreuses pour l'hôpital public tout en épargnant, comme souvent, le secteur privé. Les aides-soignants, infirmiers, médecins, urgentistes et régulateurs du Samu que j'ai rencontrés n'en peuvent plus. La carrière d'urgentiste, vous l'avez dit, n'attire plus, en particulier depuis que la capacité d'aide médicale urgente a été remplacée par le diplôme d'études spécialisées complémentaires (Desc) de médecine d'urgence, qui enferme les médecins dans cette carrière épuisante et leur interdit toute reconversion.

Ma question est donc simple, madame la ministre déléguée. Que comptez-vous faire à court terme pour assurer la réouverture des urgences de Manosque la nuit et, à plus long terme, pour sauver notre hôpital public ?

Après tout, « la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ». C'est en tout cas ce que déclarait Emmanuel Macron le 12 mars 2020.

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