Au début du mois d'avril, un homme de 91 ans est décédé aux urgences du CHU de Grenoble, après avoir attendu trois jours sur un brancard. Depuis le mois de décembre 2022, il s'agit du troisième décès d'un patient qui attendait sur un lit d'hospitalisation dans ce service. Ce n'est malheureusement pas un cas isolé car l'hôpital public ne fonctionne plus qu'en mode gestion de crise, ce qui accentue le risque de perte de chance pour les malades.
Cet hôpital public, devenu si peu attractif, souffre depuis des années d'un manque criant de praticiens hospitaliers, lesquels, continuellement malmenés, finissent par faire le choix de quitter l'hôpital. Alors que, depuis longtemps, le corps hospitalier dans son ensemble a fait le constat d'une situation qui confine à de la maltraitance, voire à de l'inhumanité, qu'il a, à maintes reprises, tiré la sonnette d'alarme, qu'il est à bout de souffle, vous continuez à nier la réalité. Vous avez affirmé, encore récemment, qu'aucun service ne fermerait et que les hôpitaux français ne rencontraient pas de difficulté particulière. Même la Première ministre a fini par vous désavouer, en reconnaissant récemment les difficultés de fonctionnement des hôpitaux, évoquant une situation difficile – un euphémisme.
Que de temps perdu, que de vies gâchées au nom d'un aveuglement idéologique ! Combien de décès de patients faudra-t-il dénombrer avant que vous ne preniez la mesure de l'ampleur de la crise et que vous ne mettiez en œuvre, immédiatement, des mesures pérennes pour corriger le cap de la désaffection des carrières hospitalières ? Quand dessinerez-vous des perspectives pour traiter les problèmes de fond ? De grâce, arrêtez de nous bercer de paroles, de promesses non suivies d'effet, de Ségur, de missions flash ou de CNR ! Entendez enfin ce que vous disent depuis des mois les praticiens hospitaliers et les soignants, et agissez ! En effet, si vous persistez dans cette posture de déni, si vous refusez irrémédiablement d'écouter les soignants, si vous continuez à malmener les médecins libéraux – autre axe clé de notre système de santé –, alors le chaos s'abattra sous peu sur l'ensemble de nos concitoyens.