Intervention de Michel Gioria

Réunion du jeudi 2 mars 2023 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Michel Gioria, délégué général de France Énergie Éolienne :

. – Pour revenir sur les questions sociales et sociétales, effectivement essentielles, plusieurs points me semblent devoir être évoqués sur la manière de susciter l'adhésion et d'accompagner le changement.

On relève tout d'abord un intérêt conjoint des industriels et des différents usagers de la côte autour de la question de la planification. La planification doit donner de la visibilité, comme pour un grand projet d'aménagement urbain. Je prends souvent l'exemple de la ville de Marseille avec le projet Euroméditerranée : lorsque le projet a été décidé il y a une quinzaine d'années maintenant, les transformations à venir ont tout de suite été rendues visibles aux usagers de la ville, qu'il s'agisse de l'emplacement des réseaux de chaleur, de l'hôpital ou du lycée international. Il faut que nous fassions de même sur les façades maritimes, et que nous puissions donner à l'ensemble des usagers de la mer et des riverains des éléments sur lesquels échanger, comme par exemple le nombre de parcs à horizon 15 ou 30 ans, ou les modalités de développement en termes de taille et d'éloignement par exemple. Cette visibilité à long terme est un point essentiel, parce le fonctionnement au coup par coup génère de vraies difficultés pour les différents usagers. Cette planification répondra aussi à des enjeux d'infrastructures industrielles et de financement.

Un deuxième point important – déjà traité lors des nombreux débats au cours de la loi d'accélération des énergies renouvelables – est le partage de la valeur associée au développement des énergies renouvelables. Ce partage est essentiel, avec les communes bien sûr, et aussi pour soutenir la transition énergétique d'autres secteurs d'activité co-usagers de la mer : les pêcheurs, notamment, qui doivent engager une reconversion de leur flotte de bateaux, du fioul à l'hydrogène par exemple. Un travail doit être fait sur les modalités d'accompagnement, sur l'usage de ces investissements en mer, pour contribuer à la décarbonation d'autres secteurs d'activité, notamment le transport de marchandises en mer et la pêche, pour que les bénéfices communs soient partagés.

Enfin, il nous faut faire preuve de beaucoup plus de pédagogie sur ce changement sans précédent que constitue la décroissance organisée et programmée de la consommation d'énergie fossile, celle-ci représentant aujourd'hui encore 60 % de notre bilan énergétique. On ne met pas suffisamment en lumière le fait que, pour remplacer ces 60 % de consommation d'énergie importée – puisqu'on n'a quasiment pas de gisements fossiles sur le territoire national –, il va falloir produire l'énergie, notamment à travers les énergies renouvelables, sur notre territoire terrestre et maritime. Je pense que ce changement n'est pas encore clair dans l'esprit de beaucoup de nos concitoyens, et ces projets, notamment dans le cas d'un futur débat public sur l'éolien offshore, sont l'occasion d'expliquer et d'illustrer ce que représentent ces énergies.

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