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Intervention de Michel Gioria

Réunion du jeudi 2 mars 2023 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Michel Gioria, délégué général de France Énergie Éolienne :

– Dans tous les scénarios évoqués par RTE, l'éolien, notamment offshore, est une composante essentielle de l'atteinte de la neutralité carbone en France à l'horizon 2050. Aujourd'hui, 225 gigawatts d'éolien terrestre sont installés au niveau européen, la part de la France étant d'environ 8 %, soit à peu près 20 gigawatts. Et sur les 30 gigawatts d'éolien offshore déjà installés en Europe, la part française est à peu près de 1,5gigawatt, en incluant depuis le mois de novembre le parc de Saint-Nazaire, sachant que d'autres vont arriver.

Bien que représentant une part modeste des capacités offshore installées en Europe, la France a néanmoins réussi un véritable tour de force industriel, qu'il convient de souligner, car la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables doivent avoir des retombées industrielles importantes et contribuer à la réindustrialisation du pays. Un tiers des capacités de production européennes de composants se situent sur le territoire français : citons Le Havre avec l'usine de Siemens Gamesa, Saint-Nazaire avec General Electric, Cherbourg avec les pales, et les Chantiers de l'Atlantique, avec les sous-stations et les stations de conversion. Cela ne représente pas moins de 6 500 emplois sur notre territoire.

Et si on atteint l'objectif de 18 gigawatts d'éolien offshore à l'horizon 2035 – on parle en effet beaucoup de 2050, mais les horizons intermédiaires sont extrêmement importants –, ce ne seront pas moins de 20 000 emplois sur le territoire national qui seront associés à ce développement, comme cela a été indiqué dans le pacte éolien en mer signé entre l'État et la filière en mars 2022.

Il est important de noter qu'aujourd'hui la France n'est pas en retard sur la recherche, le développement, la démonstration et la pré-industrialisation de l'éolien flottant. La dynamique de continuum d'innovation mise en place depuis 2010 fonctionne. Nous faisons néanmoins face à une accélération des autres pays, notamment la Corée du Sud, le Japon, les États-Unis et, plus près de nous, le Royaume-Uni et les pays du nord de l'Europe, mais aussi du Sud avec l'Italie notamment.

Dans ce contexte, il est important de capitaliser sur la dynamique d'innovation mise en place pour resserrer les calendriers et augmenter en taille les appels d'offres commerciaux, dans le prolongement de ceux de Bretagne-Sud et de Méditerranée. Nos appels d'offres commerciaux tournent autour de 250-300 mégawatts. Il faut qu'au cours du quinquennat on arrive à des extensions de 500 mégawatts qui, progressivement, grâce à l'augmentation de la taille, l'industrialisation, la standardisation des process, vont permettre une importante baisse des coûts.

Aujourd'hui, le coût de l'éolien en mer posé est entre 40 et 60 euros par mégawattheure, hors raccordement. Le dernier projet attribué en France, celui de Dunkerque, est à 44 euros par mégawattheure, et autour de 60 euros par mégawattheure si l'on ajoute le raccordement. On attend encore les chiffres des premiers appels d'offres commerciaux, notamment de Bretagne-Sud, sur l'éolien flottant. En échangeant avec l'ensemble des acteurs industriels, on entrevoit un rapprochement des coûts entre l'offshore flottant et l'offshore posé à l'horizon 2033-2035, ce qui permettra alors de ne plus parler que d'une seule filière offshore, où le flottant constituera un relais de croissance et permettra de s'adapter notamment aux différentes composantes des fonds marins.

Un dernier enjeu majeur concerne les 12 gigawatts d'éolien en mer qui doivent être attribués avant la fin du quinquennat. Il s'agit pour deux tiers de posé et pour un tiers de flottant. Ces projets seront mis en œuvre à partir de 2035 ou 2036 et amèneront aux horizons indiqués par RTE à l'instant, soit de 50 % de posé et de 50 % de flottant en 2050. Le respect du calendrier est un point important. Si en effet on doit faire un bilan des douze dernières années d'engagement sur l'éolien en mer en France, il apparaît qu'un travail significatif a été effectué sur le continuum d'innovation. Nous poursuivons ce travail, notamment avec les investissements dans les ports. Mais nous n'avons pas été parfaits sur les questions de calendrier. L'environnement actuel mondial, au-delà des questions climatiques, est marqué par une accélération, ce qui pourrait nous faire perdre notre avantage compétitif industriel. La Corée du Sud ou le Japon sont décidés à devenir des acteurs significatifs sur ce terrain-là.

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