Je vous remercie de me recevoir en tant que président de la société de taxi G7 et président de l'Union nationale des industries du taxi (UNIT), qui est le principal syndicat patronal de la filière taxi. Cette audition est pour moi l'occasion d'apporter mon éclairage et de vous parler avec passion du taxi, un métier dont on peut être fier. Je tiens ici à saluer le formidable travail des chauffeurs de taxi, qui ont su s'adapter face à une concurrence violente et souvent déloyale. Aujourd'hui, nous avons probablement à Paris les meilleurs taxis du monde : bravo aux chauffeurs !
Il est d'autant plus important de le dire car, il y a dix ans, certains prédisaient la disparition du taxi. Aujourd'hui, ils sont non seulement plébiscités par leurs clients mais ils apparaissent aussi comme un modèle à copier par tous nos concurrents. Je tiens à préciser que le taxi est une activité historique ancrée dans le tissu local qui crée des emplois durables et qui contribue au financement public. G7 est une entreprise française avec une double mission : améliorer la mobilité pour tous et faciliter le quotidien des chauffeurs de taxi ainsi qu'augmenter leur revenu. G7 crée des emplois en France et paie ses impôts en France, qu'il s'agisse de ses actionnaires, de ses salariés ou de ses chauffeurs affiliés.
Nous devons cependant nous battre au quotidien contre un géant américain qui contourne les règles et qui a construit un modèle d'emploi précaire et d'optimisation fiscale ne contribuant pas, ou peu, à la solidarité nationale. Si le taxi est un modèle de transparence, c'est loin d'être le cas de ses concurrents. Lorsque vous prenez des taxis, la qualité est au rendez-vous et il n'y a pas de surprise sur le prix, peu importe l'heure ou la météo. La profession est très attachée au compteur, le taximètre, aussi bien en maraude qu'en réservation.
D'une part, le groupe Rousselet détient 800 licences de taxis qu'il exploite dans le cadre d'un garage. Ces licences ont été achetées en 1960 au constructeur Simca et cela représente moins de 4 % de l'ensemble des taxis parisiens. D'autre part, G7 est une centrale de réservation qui anime une communauté d'environ 10 000 chauffeurs de taxi affiliés. Ces chauffeurs indépendants réalisent environ 50 % de leur activité avec G7. En contrepartie, ils paient une redevance fixe mensuelle d'environ 300 euros, soit environ 5 % du chiffre d'affaires que G7 leur envoie. L'autre moitié de l'activité de ces 10 000 chauffeurs de taxi affiliés chez G7 est réalisée en maraude dans la rue, en station ou avec une clientèle privée. La part de marché de G7 sur cette seconde activité est de l'ordre de 12 % du marché du transport public particulier de personnes (T3P).
G7 est très attachée à l'application d'une réglementation des taxis, qui est à la fois rassurante pour les clients et protectrice pour les chauffeurs et avec laquelle la profession peut assurer sa mission de service public. En effet, le taxi est une profession réglementée avec des droits et des devoirs. L'élément le plus structurant est l'autorisation de stationnement, communément appelée la licence. Celle-ci est aussi bien essentielle pour organiser le partage de l'espace public urbain en zone dense que pour garantir un service de bonne qualité en zone peu dense. Elle assure également au public un service de qualité en maraude dans la rue, en gare et en aéroport. La licence permet de trouver en permanence le juste équilibre entre les intérêts de toutes les parties prenantes, à savoir les passagers, les chauffeurs et la collectivité. En contrepartie de la licence, les chauffeurs de taxi sont soumis à un certain nombre de règles strictes, comme l'obligation de prise en charge sur la voie publique, une zone d'activité limitée, des équipements embarqués obligatoires et un tarif réglementé qui assure un juste prix et une juste rémunération. Ces éléments font du taxi un service public de mobilité au service de tous et sur tout le territoire. Les pouvoirs publics s'appuient régulièrement sur notre profession pour assurer certains besoins de mobilité. La G7 a ainsi transporté plus de 300 000 soignants pendant le confinement.
En janvier 2008, le rapport Attali intègre différentes recommandations concernant le taxi, dont l'augmentation du nombre de licences. La plupart de ces préconisations ont été mises en place dans le cadre d'un protocole d'accord. Celui-ci a été signé en mai 2008 entre les dix principales organisations professionnelles de taxis et l'État, représenté par la ministre de l'Intérieur de l'époque, Mme Michèle Alliot-Marie, après soixante-quinze heures de négociation au ministère. Il prévoyait de passer de 15 600 taxis en 2008 à 20 000 taxis en circulation à Paris en 2012. De plus, cet accord a introduit un index économique pour faire évoluer le nombre de licences dans le temps. Avec cet accord, la profession a pleinement joué le jeu d'une adaptation de l'offre à la demande.
En parallèle, le Parlement crée un statut nouveau d'autoentrepreneur en juillet 2008. G7 lance d'ailleurs en 2008 sa propre application de commande de taxis. En 2009, le Parlement crée un secteur totalement déréglementé de véhicules de tourisme avec chauffeur sur réservation (VTC). Ensuite, le secteur a connu un choc d'offre immense et inédit avec la création de 30 000 VTC, soit un triplement de l'offre de transport, sans que le nombre de clients ait été multiplié par trois.
Le développement du numérique a permis de dévoyer l'esprit des lois de 2008 et 2009 en brouillant la frontière entre la réservation préalable et la maraude. De nouveaux acteurs ont exploité ces failles réglementaires et cette explosion de l'offre a engendré d'importantes externalités négatives en termes de congestion urbaine, de pollution et de dégradation des conditions de travail des taxis. Ceux-ci ont vu leurs revenus baisser fortement et beaucoup d'entre eux ont perdu leur capital retraite car la valeur de la licence qu'ils avaient achetée est passée de 240 000 euros à 120 000 euros en quelques mois. Cette évolution brutale et non maîtrisée du secteur a engendré de nombreux drames familiaux et humains. Après plusieurs années de troubles sociaux et de concertation, deux lois sont venues clarifier le cadre réglementaire, la première en 2014 et la seconde en 2016.
Néanmoins, l'équilibre concurrentiel actuel demeure précaire. Les différentes lois ne sont pas pleinement appliquées sur le terrain. Ainsi, le taxi souffre de racolage et de l'existence de chauffeurs illégaux. J'espère que cette commission d'enquête nous donnera l'occasion de parler du taxi du futur et de la nécessité d'appliquer les lois existantes pour que l'ensemble de notre profession continue à investir dans ce bel écosystème. De cette manière, les chauffeurs pourront toujours avoir des voitures qui sont appréciées des clients. La G7 investit également massivement, c'est-à-dire 17 millions d'euros en sept années, pour avoir la meilleure application du marché.