Le lobbying s'est intensifié après les annonces de la Commission européenne. Personne ne s'attendait à une directive aussi ambitieuse. Nous sommes peu habitués à arracher des victoires sociales à l'Union européenne. Il s'agissait bien sûr du résultat d'un travail de négociation au sein des institutions. Les commissaires européens sont sans arrêt confrontés aux lobbyistes, et jamais aux travailleurs. Or, la construction d'un lobby populaire alternatif pour faire entendre les revendications des travailleurs sur la scène bruxelloise a été un élément déterminant dans les avancées que nous avons obtenues.
Aux États-Unis, lorsque la loi AB5 a imposé le salariat aux plateformes en Californie, les plateformes ont investi 200 millions de dollars – contre 20 millions pour leurs opposants – pour faire passer la proposition 22 et échapper à l'obligation de requalification. Ces plateformes avaient en effet beaucoup à y perdre, puisque cette loi représentait la fin de leur modèle économique, qui reposait sur la fraude. Des plateformes vertueuses, qui reconnaissent la présomption de salariat, fonctionnent pourtant très bien : en Espagne, Just Eat est la première dans son domaine, alors que l'entreprise licencie en France.