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Intervention de David Thesmar

Réunion du jeudi 30 mars 2023 à 15h00
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

David Thesmar, Professeur d'économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) :

Il ne s'agissait pas d'une expertise indépendante de Uber et cela n'a jamais prétendu l'être. Une note située en bas de la première page du rapport précise qu'il s'agit d'une étude commissionnée par Uber. Elle vise à accumuler des arguments qui défendent la contribution de cette société à l'économie française. A nouveau, il ne s'agissait pas d'une étude académique indépendante. Ce point a toujours été très clair, même si les médias ne l'ont pas relayé. J'ai pourtant insisté sur cette précision chaque fois que j'ai échangé avec un journaliste.

Néanmoins, j'étais garant de la solidité de la méthodologie. Même si je n'ai pas accédé à l'ensemble des données brutes dont dispose Uber, j'ai travaillé à partir de données, certes quelque peu retraitées, mais très proches des données initiales. Je les ai manipulées moi-même, de même que celles de l'enquête. J'ai produit les statistiques de l'étude. Notre mission, en tant qu'universitaires, était en effet de transformer des données en un rapport cohérent.

Une entreprise ne donne jamais accès librement à ses données. De même, bien que l'Insee mette en ligne certaines de ses données, la plupart des données micro ne sont consultables qu'après accord d'un comité qui examine le projet présenté. L'accès à ces données micro est donc très restreint et difficile à obtenir. Que l'on travaille dans le cadre d'une étude publique ou non, les données sont toujours confidentielles, en raison de la nécessité de respecter la vie privée des individus qu'elles concernent.

Vous suggérez que nous avons surestimé les revenus des chauffeurs Uber. Dans l'étude, nous indiquons clairement que la recette horaire moyenne s'établit à 20 euros. Il est précisé qu'il faut soustraire l'usure du véhicule, l'essence et d'autres paramètres. Nous rappelions également que le statut du chauffeur a une incidence sur le taux d'imposition sur son revenu – 25 % s'il est autoentrepreneur, et 50 % s'il est à son compte.

Nous ne nous serions jamais aventurés à estimer le profit net avant impôt de cette activité, tout simplement parce qu'il aurait été très difficile de le faire. Je ne sais pas si la moyenne aurait ou non été supérieure au Smic ; bien entendu, elle n'aurait pas atteint le double du Smic, en raison des frais mentionnés. L'étude le montrait très clairement.

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