Votre audition a pour objet d'éclairer la stratégie de lobbying d'Uber car vous êtes mentionné dans les Uber files dans la mesure où votre étude aurait servi cette stratégie. Mark MacGann, lanceur d'alerte qui a permis la transmission de ces données à l'ICIJ, précise : « Le pire, c'est que ces études étaient biaisées dès le départ. Nous étions très sélectifs dans les données que nous fournissions aux économistes afin de faire en sorte que les résultats de leurs études soient conformes à la commande ». Il concède qu'il existait « un mélange des genres qui demande un besoin de clarté : si l'on travaille pour Uber ou BNP Paribas quand on est économiste, il faut juste le dire ». Vous l'avez en effet rendu public – du moins parfois.
Les données transmises par Uber sur lesquelles s'appuyait votre étude étaient manifestement partielles. Le filtrage auquel a procédé la société ne représentait-t-il pas une entrave à votre déontologie de chercheur ?
Selon les Uber files, vous n'auriez ainsi pas eu accès aux données des chauffeurs qui avaient été déconnectées avant la réalisation de votre étude. Le confirmez-vous ? Le cas échéant, pourquoi ne les avez-vous pas demandées ?
Pourquoi avez-vous accepté de signer un accord de confidentialité sur les données d'Uber ? Vous savez par exemple combien les données publiques de l'Insee sont utiles à nombre de travaux scientifiques. En effet, c'est en confrontant des interprétations différentes sur la base de données identiques que la recherche peut progresser. Or, les données que vous avez utilisées n'étaient pas accessibles à d'autres confrères.
Pour quelles raisons avez-vous mentionné dans vos conclusions que les chauffeurs d'Uber gagnaient plus de deux fois le Smic horaire ? Les Uber files révèlent que vous n'auriez pas pris la précaution d'indiquer qu'il s'agissait d'une évaluation brute, à laquelle il convenait de soustraire toutes les charges des chauffeurs, comme la location, le crédit voiture ou encore l'essence.