Oui, j'ai été surpris. En poste à la centrale d'Arles depuis 2012, j'ai un recul de dix ans sur les pratiques. Au cours des dernières années, on a classé au service général des détenus qui avaient une aura, une influence forte sur la population pénale et qui, pour beaucoup d'entre eux, avaient commis des infractions à la réglementation. Ce système permettait en quelque sorte de les acheter, autrement dit d'acheter la tranquillité. Franck Elong Abé, qui n'était pas un agneau, en a bénéficié. Un détenu auxiliaire d'étage est censé jouer, plus ou moins, un rôle d'intermédiaire : il fait remonter des informations sur ce qui se passe en détention. Or le détenu Elong Abé ne parle pas au personnel. Il est donc curieux d'avoir classé auxiliaire un détenu qui ne communique pas, qui n'exerce pas une bonne influence sur la population pénale et qui a agressé des codétenus. Que peut apporter un tel personnage à l'administration, au personnel, à la gestion de la maison centrale ? On se demande encore ce qu'il faisait à cette place. Vous aussi, sans doute.