Quelle est l'espérance de vie sans incapacité d'un cadre en France ? Elle est plus longue de dix ans et s'établit à 69 ans. Le bien vieillir au travail est l'objet d'une immense injustice dans notre pays. Or vous aggraverez cette injustice avec la réforme en cours, en pénalisant ceux qui ont commencé à travailler tôt, donc dans les métiers les plus pénibles. J'ai rencontré un de nos concitoyens qui travaille la nuit, dans une verrerie où les fours sont chauffés à 70 degrés Celsius. Alors qu'il sait que cela diminue son espérance de vie de dix ans, il devra cotiser pendant deux années supplémentaires pour accéder à la retraite, malgré les incapacités dont il souffrira vraisemblablement alors – même si je ne le lui souhaite pas.
Ce matin, j'ai reçu le message d'une auxiliaire de vie sociale (AVS) de 62 ans, en arrêt depuis trois mois parce qu'elle souffre déjà d'une double tendinite, du coude et du fessier. Ce type de problème est récurrent dans tous les métiers de la deuxième ligne, pour lesquels le président Macron avait pourtant promis reconnaissance et rémunération. Finalement, celle-ci n'a pas été augmentée – votre texte ne prévoit rien, ainsi, pour les auxiliaires de vie sociale, mais nous y reviendrons, lors de l'examen de l'article 7, vraisemblablement après les vacances – mais en plus ces personnes devront travailler deux années supplémentaires.
Il faut inscrire dans la loi cet objectif commun : gagner deux années de vie en bonne santé, pour bien vieillir – éventuellement au travail –, sachant que la France est, en la matière, en dessous de la moyenne européenne.