En tant que président du groupe d'amitié France-Ukraine, je tiens à vous remercier d'avoir pris l'initiative de cette proposition de résolution européenne, qui pointe une des nombreuses horreurs de cette guerre en Ukraine et qui nous touche : celle des transferts forcés massifs d'enfants ukrainiens par la Fédération de Russie.
Pourquoi ce sujet nous touche tout particulièrement et que c'est notre responsabilité de nous en emparer ? Hier, nous avons adopté en séance la proposition de résolution de notre collègue Madame Anne Genetet, reconnaissant comme génocide l'Holodomor, cette grande famine organisée par la Russie de Staline contre les Ukrainiens.
Ce que l'on voit dans cette guerre contre l'Ukraine, ce n'est pas seulement des bombardements, des immeubles détruits, des occupations de territoires, mais une volonté d'effacer l'identité nationale, d'effacer l'existence même de l'Ukraine. De l'effacer par la mémoire, en niant la spécificité de sa mémoire, et c'est pour cela que c'était important pour notre groupe de rappeler l'importance, l'existence, du génocide de l'Holodomor. En revanche, effacer l'identité ukrainienne c'est aussi effacer son avenir. Effacer son avenir, c'est ce que l'on voit à travers ces déportations d'enfants, à travers ces rapts organisés, et à travers la négation même de la mémoire individuelle de chacun de ces enfants, comme rappelé dans la résolution.
16.226 : c'est le nombre d'enfants ukrainiens qui ont d'ores et déjà été identifiés, enlevés, déportés, par la Russie. En revanche, ce nombre est dérisoire par rapport à la réalité. Entre les facilités administratives qui ont été consenties par Vladimir Poutine, permettant d'adopter un enfant ukrainien en une journée par le décret du 30 mai 2022, deux mois après le début de la guerre et les modifications de leurs documents pour les faire passer pour des enfants russes, la négation de l'identité ukrainienne ne s'arrête pas là. Ces enfants sont arrachés à leurs familles, ils sont parfois orphelins de parents qui ont été assassinés lors d'exactions russes, et sont envoyés dans des camps de rééducation en Russie où ils sont victimes de la propagande du Kremlin, et sont obligés de parler uniquement russe et d'apprendre à manier les armes. Une logique génocidaire est à l'œuvre contre l'Ukraine et ses enfants.
La Cour pénale internationale a réagi en émettant deux mandats d'arrêts en raison de ces faits, contre de Vladimir Poutine et contre Maria Lvova Belova. Il faut se réjouir que la France, par la voie de la Ministre des Affaires Etrangères, Madame Catherine Colonna, ait appuyé cette procédure et l'a soutenue.
En tant qu'Européens, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, abandonner ces enfants aux mains de Vladimir Poutine et du régime russe. Il est de notre devoir de soutenir tous les efforts des pouvoirs publics pour leur permettre de retrouver leurs familles, leurs proches, leur pays, leur culture, mais aussi de faire traduire en justice les responsables de toutes ces horreurs perpétrées à l'encontre du peuple ukrainien.
C'est un enjeu de justice et de paix : il ne pourra y avoir de paix possible sans que tous ces enfants retrouvent leurs familles en Ukraine. Le groupe Renaissance soutient sans réserve cette proposition de résolution.