Les actions de lutte contre l'isolement des personnes âgées sont aujourd'hui financées par les conférences des financeurs dans le cadre plus général des actions collectives de prévention. Les bilans réalisés attestent d'importantes disparités entre les départements. Reconnaître la lutte contre l'isolement comme un facteur déterminant de la prévention de la perte d'autonomie suppose d'en faire un axe à part entière du financement de cette dernière. Si les actions collectives de prévention constituent le premier poste de dépenses de la conférence des financeurs et mobilise la majorité des projets soumis, la création d'un volet spécifique à l'isolement garantirait la poursuite des efforts d'innovation au service de la lutte contre l'isolement, permettrait de suivre l'évolution des financements dédiés, de les faire croître et de généraliser des appels à projets spécifiques.
Cette évolution était préconisée dans le rapport de Jérôme Guedj 36 propositions et pistes pour une politique pérenne de lutte contre l'isolement des personnes âgées de juillet 2020. Dans son baromètre sur la solitude et l'isolement des plus de 60 ans, publié en 2021, l'association Les Petits Frères des Pauvres cite des chiffres qui doivent nous interpeller. On y lit que 300 000 personnes âgées de plus de 60 ans seraient en situation de mort sociale ; autrement dit, elles ne rencontreraient quasiment jamais ou très rarement d'autres personnes, qu'il s'agisse du cercle familial ou amical, des voisins ou du réseau associatif. Cette mort sociale touche plus particulièrement les femmes de plus de 75 ans disposant de revenus modestes. Cet isolement absolu se caractérise par des relations très amoindries : 67 % de ces personnes n'ont personne pour parler de choses intimes – contre 32 % pour l'ensemble des Français de 60 ans et plus –, 39% n'ont personne à qui confier leurs clefs – contre 13 % pour l'ensemble des Français de 60 ans et plus – et 50 % n'ont personne avec qui déjeuner ou dîner. Par ailleurs, 27 % sortent une fois par semaine ou moins souvent de chez eux, 21 % se sentent malheureuses et 9 % des personnes ne se disent pas autonomes.