J'éprouve aussi un regret, celui que les amendements de suppression qui ont été adoptés n'aient pas permis d'avoir le débat que vous avez évoqué, monsieur Millienne. Si vous souhaitiez parler de la manière d'intégrer les territoires, de les amener à fixer eux-mêmes la temporalité de la chasse, nous aurions pu en discuter par le biais d'amendements de réécriture.
Par ailleurs, je pense que vous vous méprenez : la question, pour nous, n'est pas l'interdiction, mais la protection. Vous avez parlé de l'interdiction des vols en jets privés : peut-on aujourd'hui accepter qu'une ultraminorité mette en danger la capacité de survie de tout un peuple ? Les chiffres sont extrêmement clairs : nous devons réduire de 48 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, c'est-à-dire demain.
S'agissant de la chasse, il y a effectivement un débat sur la liberté. Il en existe deux : vous allez nous dire que tout le monde peut aller dans les forêts, c'est vrai, mais tout le monde s'y sent-il en sécurité ? Interdire à certains, pendant un temps précis, d'utiliser des armes dans les forêts, c'est garantir à tous les autres la possibilité d'y être librement.
Le débat a été particulièrement caricatural. Je m'exprime en tant que petite-fille de chasseur, et j'ai grandi en Haute-Saône : je sais ce que c'est de vouloir aller se balader le week-end, puis de se demander si son manteau est d'une couleur suffisamment vive et s'il faut chanter et faire du bruit, parce que les chasseurs peuvent être là. Si vous voulez parler de liberté, la question est de savoir comment on passe d'une liberté de droit à une liberté effective, dans ce cas comme dans de très nombreux autres domaines.
L'accès à la nature, c'est-à-dire à des endroits tempérés, au frais, fera l'objet d'inégalités croissantes dans un monde qui se réchauffe. Il faut y réfléchir sérieusement. Nous devons discuter ensemble, je vous rejoins sur ce point, de la manière dont nous pouvons protéger les Français et les Françaises.