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Intervention de Matthieu Creux

Réunion du jeudi 23 mars 2023 à 14h45
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Matthieu Creux, fondateur du cabinet iStrat :

Les montants sont de 42 500 euros pour la période allant de fin janvier 2015, ou début février, jusqu'à fin juin, et de 12 750 euros de la mi-novembre à la mi-décembre.

Je n'ai pas connaissance de ce qui s'est passé ensuite. Je ne sais pas si nous avons été remplacés, si Uber a poursuivi une stratégie numérique, en France ou à l'étranger ; je n'ai pas d'informations à ce sujet.

S'agissant du volume, je n'ai pas de traces du livrable définitif, mais au vu de ce que nous faisions alors, je ne démens pas l'ordre de grandeur évoqué par les journalistes, qui n'ont sans doute pas inventé leurs informations. Il est extrêmement difficile de retrouver les articles, car ils ont été supprimés ou bien les plateformes ont changé. J'ai donc beaucoup de mal à commenter ce qui n'est pas sorti dans la presse, d'autant que je ne faisais pas partie de l'équipe éditoriale. Pour le reste, des confusions ont été faites.

Tout d'abord, nous avons sollicité des gens de notre entourage, qui ont accepté, parce qu'Uber avait de vrais soutiens, de défendre les arguments de cette société. Ils ont rédigé des contenus que nous avons soumis aux plateformes.

Par ailleurs, la qualité et la véracité de l'ensemble des éléments publiés n'ont jamais été remises en cause. Les médias qui ont choisi de publier ces éléments l'ont fait en toute liberté, en toute responsabilité aussi, et ils n'ont jamais fait l'objet, à ma connaissance, de la moindre demande de droit de réponse. Nous n'avons jamais été critiqués pour cela, pas plus dans ce dossier que dans d'autres.

Enfin, il existe un cadre légal. La liberté d'expression est garantie, sur tous les supports, et pas uniquement pour les journalistes : on a le droit de s'exprimer si on le souhaite, y compris quand on est une entreprise. Si un média ne juge pas pertinent de publier un contenu, il a le droit de ne pas le faire ou de retirer le contenu, sans en informer l'auteur. De plus, un tiers peut attaquer un article qui le mériterait mais cela ne s'est pas produit.

S'agissant du SEO, les guidelines, les lignes directrices de Google prévoient des sanctions si on ne respecte pas certaines règles techniques. Des hackers ou pirates du référencement naturel se livrent ainsi à ce qu'on appelle du black SEO, du SEO noir. Pour notre part, nous n'avons jamais été contactés par Google et nous ne nous sommes jamais mis en situation d'infraction. Nous n'avons pas cherché à tricher.

Nous restons convaincus qu'il est légitime pour une entreprise d'essayer de faire valoir ses arguments dans le débat public. Il faut se replacer dans le contexte de l'époque : quand on tapait « Uber » sur Google, ce qu'on obtenait était extrêmement agressif à l'égard de cette société. Uber comptait beaucoup plus d'adversaires que de partisans. Des gens étaient révoltés parce que leur business model ou leur situation personnelle – je pense aux artisans taxi – étaient en jeu. Nous avons simplement essayé de faire en sorte que la situation se détende pour Uber.

Les journalistes que vous avez reçus vous ont dit que nous n'avions joué qu'un rôle technique et marginal. Je pense également que notre impact a été marginal et que c'est pour cette raison que notre mission n'a pas duré. Nous avons un impact à la fin de grands débats publics, quand il s'agit de mettre en œuvre des actions correctrices, par exemple après un procès. Lorsque des gens ont été mis en examen, condamnés par la justice, puis blanchis en appel, il ne se passe plus rien ensuite. Nous intervenons alors de manière corrective pour que l'issue du procès, qui est favorable à ces personnes, ait au moins autant de visibilité que le fait même qu'elles ont eu un procès. Cela représente 80 % des cas sur lesquels nous travaillons. S'agissant d'Uber, l'actualité était si foisonnante que nous ne servions plus à rien.

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