Afin d'éclairer vos travaux, je peux vous décrire nos pratiques. Lorsque nous nous rendions dans une entreprise avec nos pouvoirs propres, classiques, nous prenions généralement rendez-vous : les entreprises avaient donc le plus souvent connaissance de notre venue. Il était rare que nous arrivions sans avoir informé quiconque de notre visite – mais cela pouvait arriver. En revanche, en cas de perquisition, d'opération de visite et saisie, nous ne prévenions pas l'entreprise ; la date de l'opération était connue des seuls agents intervenant, vingt-quatre ou quarante-huit heures auparavant. Je faisais donc partie des rares personnes qui, sans participer à l'opération, connaissaient la date et le lieu de la perquisition. À ce stade, je ne peux que vous reconfirmer que nous n'avons pas eu recours à nos pouvoirs exceptionnels.
J'ai interrogé mes anciens collaborateurs au sujet du « kill switch ». Nous avons apparemment tous découvert ce procédé a posteriori, lors des révélations des Uber files. Nous n'en avions donc pas connaissance ni même conscience. Nous ne le suspections aucunement, d'autant que nous avions pu mener nos actions avec des pouvoirs simples. J'ai évidemment eu à connaître de pratiques compliquées entre 2009 et 2018 mais elles ne concernaient pas ces acteurs-là.