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Intervention de Sandra Regol

Séance en hémicycle du jeudi 6 avril 2023 à 9h00
Accès à une alimentation saine — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandra Regol :

Des mots, toujours des mots, les mêmes mots. Pendant ce temps-là, des milliers de Français – travailleuses pauvres, étudiants, retraités – ont faim. Les mots ne les sauveront pas. Alors, agissons !

Je salue la proposition de loi de ma collègue Francesca Pasquini, qui est un refus du fatalisme et une main tendue. Nous refusons que des Français ne puissent pas se nourrir. Nous refusons le creusement des inégalités. Nous rappelons que l'accès à l'alimentation est un droit – je sais que vous partagez ce point de vue, chers collègues. Nous soutiendrons donc la prime de 50 euros par mois et par personne proposée pour répondre à l'urgence. C'est une miette, mais une miette urgente, une miette vitale et, surtout, une miette finançable. Malheureusement, en commission, vous avez réduit cette aide pour faire face à l'inflation à un montant équivalent à 2 euros par an et par personne : c'était une mauvaise blague, à quelques jours du 1er avril. Nous pouvons en faire autre chose. C'est pourquoi nous vous invitons à soutenir cette proposition. Si vous n'en voulez pas, ayez du moins la décence d'agir en urgence ; n'ignorez pas le problème, ne renvoyez pas les Français à leur assiette vide. Nous n'avons plus le temps.

Si remplir les assiettes est une priorité, il faut ensuite regarder leur contenu. L'analyse démontre que l'assiette des Français est totalement déséquilibrée. Ce n'est pas un point de vue, ce n'est pas une opinion, c'est un constat de santé publique. Ce constat est documenté scientifiquement par de nombreuses instances, dont le programme national nutrition santé, l'Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail – et le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Nous consommons trop de protéines animales et trop peu de protéines végétales et de fruits et légumes nécessaires à la santé, n'en déplaise au ministre de l'intérieur, qui considère cela comme de l'idéologie alors qu'il s'agit de faits scientifiques. Ce constat est particulièrement vrai pour les enfants, n'en déplaise, encore une fois, au ministre de l'intérieur qui, se fondant sur des préjugés non étayés par les faits, estimait en 2021 que « de nombreux enfants n'ont souvent que la cantine pour manger de la viande ». Nous consommons également trop de produits sucrés et ultratransformés : autant de produits nocifs qui mettent en péril la santé des plus jeunes.

Alors que l'Anses souligne qu'il est possible de manger végétarien tous les jours à la cantine – oui, tous les jours ! –, Francesca Pasquini, suivant les recommandations sanitaires, a proposé de rééquilibrer les menus dans les cantines en passant à deux menus végétariens par semaine ou à un choix quotidien. Comme elle l'a répété dans son propos liminaire, il ne s'agit pas d'imposer, mais de donner la liberté de manger autrement à ceux qui en font le choix. Sa proposition a laissé une majorité de menus avec de la viande et du poisson.

Être élu, c'est avoir le courage de regarder la réalité en face. La végétalisation de notre alimentation est indispensable pour le climat comme pour la santé. En commission, vous avez exprimé de nombreuses craintes vis-à-vis de l'élevage français. Nous défendons un meilleur élevage, une meilleure viande : souvent, cela veut dire moins. Ce n'est pas dans le développement industriel que nous trouverons des solutions pour demain, ni que nous aiderons les paysans, qui en ont grand besoin. Nous voulons que nos enfants mangent de la viande issue des élevages français plutôt que du bœuf argentin ou du poulet venu du bout du monde ; mais, la viande française étant de meilleure qualité, elle est plus chère. C'est l'introduction de menus végétariens qui permet de dégager du budget pour se l'offrir. Une étude de l'Observatoire national de la restauration collective bio et durable sur une cohorte de 6 000 cantines montre que les cantines qui proposent le plus de menus végétariens sont également celles qui proposent le plus de viande bio et locale. Il ne s'agit pas d'un débat entre les pro- et les anti-, mais bien d'une question de santé. Si nous voulons soutenir nos élevages, il faut voter pour l'article 2. Le groupe Écologiste – NUPES le fera.

Enfin, nous discuterons d'une dernière mesure essentielle pour la santé : l'interdiction des nitrites dans la charcuterie. Cela fait déjà plusieurs années que des associations donnent l'alerte et que nous sommes au courant de ce danger. Mon collègue Richard Ramos, ici présent, avait déjà proposé leur interdiction l'an dernier. On lui avait alors demandé d'attendre les conclusions d'une étude de l'Anses, lesquelles ont depuis été rendues : elles ont confirmé ce qui était déjà su et documenté, à savoir que les nitrites ingérés par la consommation de viande sont des poisons qui causent des milliers de nouveaux malades chaque année. Comme le rappelait Francesca Pasquini, ce sont près de 4 000 cancers qui pourraient être évités chaque année. Ce n'est pas nous qui le disons, ce sont les spécialistes. Alors, agissons !

Près de 500 000 personnes ont signé la pétition de Foodwatch et de la Ligue contre le cancer nous demandant de voter leur interdiction. Je sais que les pétitions n'ont pas toujours d'importance : hier, une pétition ayant dépassé sur le site de l'Assemblée nationale tous les records de signatures possibles a été refusée par les députés. Je ne désespère pas de restaurer la démocratie parlementaire en écoutant, cette fois-ci, les citoyens. Pourtant, sur ce sujet aussi, la majorité, Les Républicains…

1 commentaire :

Le 24/09/2023 à 17:12, Aristide a dit :

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"mais, la viande française étant de meilleure qualité, elle est plus chère."

Le porc est la viande la moins chère, et il n'y en a jamais à la cantine scolaire, c'est un scandale.

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