S'agissant du baluchonnage, nous sommes très sensibles à la question du droit au répit des aidants, qui est fondamental et que nous reconnaissons. Disposer de professionnels disponibles, formés et qualifiés, constitue une solution de secours qui pourrait leur être apportée.
Il nous semble toutefois difficile d'instaurer le baluchonnage en France, aux dépens du code du travail, œuvre d'intelligence collective. On ne peut pas, pour aider certains, mettre des travailleurs en difficulté. Très souvent, dans le cadre du baluchonnage, ce sont des travailleuses qui interviennent à domicile. Elles sont parfois en fin de carrière et fatiguées – d'après certaines observations qu'on nous a transmises. Selon les conditions dans lesquelles le relayage est organisé, elles se trouvent parfois confrontées à une vraie détresse de l'aidant. Ce répit intervient au moment des crises, au moment où la famille ne peut plus accompagner la personne au quotidien.
Il est donc très important qu'on puisse rester dans le cadre du code du travail. Des expérimentations montrent que c'est possible, à condition d'adosser des services de soin à des établissements et d'encadrer le temps de travail. En effet, travailler six jours d'affilée, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, crée un risque tant pour la personne accompagnée que pour la travailleuse. Il faut prévoir à froid un répit, et l'anticiper en l'accompagnant de mesures de prévention, afin que la personne accompagnée puisse rencontrer les personnes qui s'occuperont d'elle. Ce dispositif nous semble meilleur.
Pour répondre à votre dernière question, les travailleurs du secteur du grand âge sont parfois enfermés dans des spécialités. Aussi, organiser une filière du grand âge, comportant un comité de filières et offrant des formations transversales, accompagnées de passerelles et de grilles les rendant compatibles, fait partie des éléments de nature à stabiliser le secteur et à garantir, enfin, une qualité de travail, des vrais parcours professionnels et la reconnaissance de ceux-ci.