C'est simple : le bilan des Pial est catastrophique, puisqu'il s'apparente à de la gestion comptable. Avec une AESH pour onze enfants, le temps alloué à chaque enfant n'est que de deux heures et, puisqu'elle travaille 24 heures – on ne veut pas qu'elle en fasse 35 –, elle passe finalement entre une et deux heures avec trois, quatre ou cinq enfants présentant des troubles très différents, dans des conditions de travail impensables.
M. Pierre Dharréville a évoqué dans sa question les conditions dramatiques de travail des personnels. Les AESH se retrouvent isolées et démunies face à la souffrance d'un enfant. Elles souhaitent pouvoir l'accompagner mais ne disposent pas des ressources nécessaires. Elles voient bien qu'elles sont complètement délaissées et qu'elles ne peuvent donc pas mener à bien la mission pour laquelle elles se sont engagées.
Les enseignants, qui se retrouvent dans une salle avec trente enfants aux profils très différents, n'ont matériellement pas le temps de s'en occuper pour remédier à leurs difficultés comme ils le voudraient. J'enseigne dans le second degré et j'ai 120 élèves, que je vois deux ou trois heures par semaine. Je ne peux donc pas avoir une connaissance suffisamment fine de leurs problèmes pour pouvoir y remédier rapidement. L'enfant subit ainsi une violence sans précédent et les autres élèves constatent que leur camarade n'est pas inclus dans des conditions satisfaisantes.
Une des solutions consisterait à abandonner la logique de la gestion comptable du Pial pour mettre l'enfant au centre. Une autre serait de penser le métier d'AESH comme un véritable métier exercé à temps plein par des fonctionnaires d'État de catégorie B qualifiés, formés et rémunérés. Cette solution ne serait pas parfaite, mais elle permettrait, pour commencer, d'assurer la stabilité des équipes.