Je tiens à souligner l'absence remarquée, et plus que regrettable, du ministre de l'intérieur et des outre-mer, M. Gérald Darmanin. Néanmoins, monsieur le ministre délégué, je vous remercie pour votre présence et vos réponses.
« La menace d'ultradroite est aujourd'hui la principale menace à laquelle [les démocraties] sont confrontées. » Ces propos ne sont pas de moi, mais de Nicolas Lerner, directeur général de la sécurité intérieure, dans un entretien paru dans Émile au mois de février. La menace est donc réelle dans notre pays, alors que sept des dix derniers attentats politiques déjoués ont été fomentés par l'extrême droite, et deux par la mouvance complotiste à laquelle vous avez aussi fait référence, monsieur le ministre délégué. Pourtant, la semaine dernière, la majorité, alliée à la droite et au Rassemblement national, a tout mis en œuvre pour dénaturer ma proposition de loi, qui plaidait pour la transmission d'un rapport dressant un véritable état des lieux de la menace terroriste d'extrême droite dans notre pays.
C'est regrettable car le milieu universitaire ou la commission d'enquête de 2019 formulent tous la même conclusion : lorsqu'il s'agit de mesurer l'implantation géographique et l'activité des groupuscules d'extrême droite, le Parlement ne dispose que d'estimations et de projections, et non d'éléments objectivables, à la seule main du Gouvernement qui pilote les services de renseignement. C'est pourquoi, je le répète, je vous remercie pour votre présence.
Mais je suis inquiet après les publications de la plateforme collaborative Tajmaât, révélant hier qu'une vingtaine de groupes néonazis infiltrés menacent des élus et planifient des ratonnades. Mes pensées vont à mes collègues, Sophie Taillé-Polian, Benjamin Lucas, Sandra Regol, Julien Bayou, qui figurent semble-t-il dans leurs fichiers. Je suis inquiet pour le maire de Saint-Brevin-les-Pins, menacé par l'extrême droite depuis des mois, et qui vient d'être victime d'un incendie volontaire. Je suis inquiet que des commandos baptisés Waffen Assas attaquent des étudiants.
Dans une vie passée, monsieur le ministre délégué, nous avons œuvré ensemble pour les communes qui avaient des difficultés à accueillir des centres d'accueil pour réfugiés. La menace monte – vous avez cité plusieurs éléments probants. Pensez-vous qu'une stratégie complète, et ciblée sur le terrorisme d'extrême droite, serait utile pour aller plus loin et démanteler ces groupes ?